mercredi 14 février 2018

L'enfer est pour les héros (Hell is for heroes) de Don Siegel (1962)

Montigny, Meurthe-et-Moselle, à l'automne 1944. L'escouade américaine du sergent Larkin (Harry Guardino) est au repos derrière le front, près de la ligne Siegfried. Un nouveau soldat, Reese (Steve McQueen), arrive dans l'escouade : il a été rétrogradé de sergent à simple soldat pour avoir frappé un officier ; baroudeur, il est armé d'une mitraillette M3 et d'un couteau de boucher pour le combat rapproché. Il est reconnu par le sergent Pike (Fess Parker) qui calme les inquiétudes du capitaine Loomis, commandant de la compagnie : Reese n'est jamais aussi turbulent qu'au repos, mais au combat, c'est un expert. Au lieu de retourner aux Etats-Unis comme la rumeur le laissait entendre, la compagnie remonte au front sur la ligne Siegfried...







Robert Pirosh, ancien sergent de la 35th US Infantry Division pendant la Seconde Guerre mondiale (celle représentée dans le film De l'or pour les braves, même secteur, même période environ, en 1970), devient scénariste pour le cinéma : il signe la trame du filme Battleground, sur la 101st Airborne dans les Ardennes, en 1949, puis celle du film Go For Broke ! sur le parcours du 442nd RCT nippo-américain en 1951. Peu après L'enfer est pour les héros, il est à l'origine du scénario de la série télévisée Combat ! qui connaît un grand succès aux Etats-Unis.

Les soldats américains de l'escouade, dans le film, portent l'emblème de la 95th Infantry Division, qui a combattu dans le secteur en 1944, recevant le surnom "Iron Men of Metz" pour avoir repoussé de nombreuses contre-attaques allemandes sur cette ville. Pirosh s'est inspiré de sa propre expérience, quand son unité a été retirée du front des Vosges pour être envoyée dans les Ardennes, une petite force étant laissée en arrière pour tromper les Allemands. Le personnage du Polonais déplacé, mascotte de l'escouade, est également tiré d'une rencontre authentique. Le film a connu des limitations de budget : on le ressent sur les armes à feu, dont beaucoup connaissent des incidents de tirs pendant le tournage -on le voit dans la scène de l'assaut final. Steve McQueen, par ailleurs, était mécontent d'être présent et cela se ressent dans sa prestation ; la relation avec Pirosh était plus que tumultueuse, à tel point que Siegel prend le relais pour ce qui reste son seul film de guerre. Tourné à l'été 1961 en Californie, dans une chaleur écrasante, le film a privilégié les séquences nocturnes pour soulager les acteurs. La fin du film est un peu abrupte tout simplement par manque de moyens !







L'enfer pour les héros s'inspire d'une série débutée avec La gloire et la peur de Milestone ou Attack d'Aldrich, qui présentaient davantage les questionnements des soldats et leur humanité plutôt que de se conformer au discours patriotique classique. Il joue sur l'opposition entre les membres de l'escouade, qui ne songent qu'à rentrer chez eux et à sauver leur vie, et Reeese, le baroudeur qui ne s'accomplit que dans le combat. Le film met en avant son efficacité jusqu'au moment où l'une de ses initiatives aboutit à la mort de ses compagnons de raid. Le final réhumanise Reese qui, rongé par le remords, se sacrifie volontairement pour obtenir la rédemption. Il passe du anti-héros au héro, mais sa mort est finalement anecdotique devant la suite de la bataille, comme le montre les dernières images. Sur le plan militaire, le film bénéficie de l'expérience de Pirosh qui montre comment une section d'infanterie peut tenir tenir une ligne de front par la ruse en se faisant passer pour plus nombreuse qu'elle n'est en réalité -avec les limites de la manoeuvre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.