Difficile d'être totalement objectif quand l'on a aidé soi-même à la rédaction d'un ouvrage aussi passionnant. Car j'ai répondu aux questions de Matthieu Suc, journaliste à Médiapart, qui couvre depuis plusieurs années les attentats terroristes commis par l'EI en Europe, et leurs auteurs, pour appuyer son ouvrage sur les "espions de la terreur". Je vais essayer de l'être pourtant, car il faut bien ficher ce livre, qui est à découvrir, absolument.
La citation de Gabriel Martinez-Gros, en exergue, est on ne peut mieux choisie : les djihadistes, effectivement, ne sont pas plongés dans le Coran, mais dans l'histoire mythifiée des premières décennies de l'islam. Je le vois chaque semaine en analysant leurs vidéos de propagande. Et dans ce mythe, il y a déjà le renseignement. L'adversaire battu par ruse, par déception. L'adversaire abusé. La victoire militaire obtenue par l'espionnage, la victoire du renseignement.
En juin 2015, le djihadiste français Nicolas Moreau, de retour en France, est l'un des premiers à évoquer dans ses auditions devant la DGSI l'amniyat. Un mot qui semble encore inconnu des services de renseignement français, lesquels s'empressent de faire une note à ce sujet, quand bien-même cela ressemble encore à un immense fourre-tout. Emni, Amni, police encagoulée, les "revenants" français décrivent cet organisme, mais on ne sait pas trop encore à quoi l'on a à faire. On le découvrira malheureusement trop tard.