https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2753/IMH0020-7411360110
Auteur : Vasyl Doguzov et Svitlana Rusalovs'ka. Doguzov est le chef du département scientifique du musée national de médecine d'Ukraine, spécialiste en relations internationales à l'université de Kiev. Rusalovs'ka est diplômée de psychiatrie à l'université de Halifax, au Canada, et psychiatre à Ottawa.
Edition : créé en 1972, l'International Journal of Mental Health est un journal spécialisé en psychiatrie et sur les disciplines liées : psychologie clinique, travail social, science comportementale. Il est actuellement dirigé par Eric Bui, professeur à l'université de Caen.
Analyse : les Allemands envahissent l'URSS avec dans l'idée d'exterminer les patients des hôpitaux psychiatriques, exceptés ceux qui peuvent travailler. Cette vision tranche avec celle existant en Ukraine avant l'invasion : les malades mentaux sont vus comme des "fous de Dieu", à traiter avec humanité et charité. Le nombre de personnes massacrées est aujourd'hui encore inconnu et s'élève probablement à plusieurs dizaines de milliers. Pendant la Première Guerre mondiale, le personnel médical de ces institutions avait souvent été transféré au front : des patients étaient morts de faim ou de dénuement faute d'approvisionnement. La victoire des bolcheviks amène une stabilisation de la situation : les institutions sont reprises en main, de nouveaux bâtiments sont construits - ailleurs que sur les anciens monastères, ce qui était souvent le cas précédemment- et le NKVD utilise les institutions pour y enfermer parfois des opposants, désignés comme "malades mentaux". A l'hôpital Pavlov de Kiev, il reste 1 500 patients au moment de l'occupation allemande. En octobre 1941, 308 patients juifs sont exécutés dans une forêt près de l'hôpital. Le personnel libère les patients et refuse de tenir les listes à jour pour les Allemands. A partir de janvier 1942, les Allemands utilisent des camions à gaz et tuent 525 personnes supplémentaires jusqu'en septembre. A Kherson, les Allemands abattent un millier de patients de l'hôpital psychiatrique, et utilisent l'endroit comme cantonnement militaire. Ils le détruisent au moment de leur retraite. A Simferopol, en Crimée, le personnel parvient à évacuer 600 des 900 patients. Les autres sont tués par un camion à gaz le 7 mars 1942. Le directeur de l'institution et sa femme se suicident avec du cyanure. A Dniepopetrovsk, les Allemands tuent 1 300 patients de l'institution du village d'Igren ; un Einsatzgruppe abat 30 à 60 personnes par jour, certains sont mis à mort en testant des poisons. Fin décembre 1941, il ne reste plus que 200 personnes : elles sont enfermées nues dans une pièce non chauffée, à -30°, où elles finissent par mourir de froid. Le site sert ensuite de camp de concentration. Dans la région de Kharkov, l'institut de Strelechansk, construit sur un couvent, est investi par un Einsatzgruppen qui y abat 435 patients.
Conclusion : un article qui vaut surtout par les exemples précis d'extermination commis par les Allemands en Ukraine, avec des sources occidentales ou russes assez récentes, et quelques ouvrages plus anciens de la période soviétique. Le sujet mériterait un traitement plus approfondi sans aucun doute.
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