La collection Essential Histories des éditions Osprey vise à dépeindre, dans un format de 96 pages, les grands conflits de l'histoire, à grands traits, vu le format. Pour celui sur la Grande Mutinerie en Inde, c'est Gregory Fremont-Barnes, titulaire d'un doctorat en histoire moderne à l'université d'Oxford, professeur titulaire à l'académie militaire royale de Sandhurst, qui a aussi été pour le compte du ministère de la Défense en Afghanistan, entre autres occupations, qui se charge de ce volume.
Dans l'introduction, l'auteur rappelle que la Grande Mutinerie est surtout l'illustration d'une non-compréhension entre le colonisateur britannique et les colonisés indiens. Le nom donné à l'événement lui-même est trompeur : le soulèvement est en effet limité dans l'espace, et les Britanniques n'en seraient jamais venus à bout si des Indiens n'étaient pas restés fidèles à la compagnie des Indes orientales.
Les Anglais ont commencé la colonisation de l'Inde au XVIIème siècle, avec une administration indirecte confiée à la compagnie des Indes orientales. Seulement, là où les premiers marchands et colonisateurs tenaient compte des particularités indiennes, leurs successeurs au XIXème siècle en particulier le font beaucoup moins. Les officiers se séparent radicalement de leurs troupes indiennes, et le zèle missionnaire chrétien qui traverse l'empire britannique, et vise à le modeler à l'image du Royaume-Uni, sera l'étincelle.
Au moment du déclenchement de la mutinerie, la majorité (dans un rapport de presque 8 pour 1) des troupes est composée de sepoys, d'Indiens de différentes castes ou autres groupes comme les Sikhs. Les Britanniques n'ont que 40 000 hommes européens en Inde : à la fin de la mutinerie, ce seront les deux tiers de l'armée qui y seront engagés bien qu'un tiers seulement participe réellement aux opérations. Le Royaume-Uni peut aussi compter sur des Indiens fidèles, comme les Sikhs ou les Gurkas.
Ce sera une maladresse, l'introduction de cartouches de fusils enduites de graisse fabriquées à l'arsenal de Dum-Dum, qui sert de prétexte au soulèvement. En réalité les Anglais paient leur manque de discernement dans leurs rapports aux colonisés. La mutinerie éclate dans le Oudh et elle est véritablement spontanée, sans être organisée à l'avance. Les Anglais parviennent à reprendre, non sans mal, Delhi, tombée dans les premières semaines de la mutinerie aux mains des rebelles. A Cawnpore, les insurgés ont massacré des Européens, qui s'étaient pourtant rendus avec des garanties. Les deux massacres successifs vont entraîner côté britannique une politique du "pas de prisonnier", que l'on constate dans le secours apporté à la ville de Lucknow, assiégée par les rebelles dès le début de la mutinerie. Celle-ci est vaincue à la fin de 1858.
Les Anglais en tirent leçons et cessent l'effort missionnaire et l'idée d'imposer leur culture à la colonie indienne. Une série de réformes concerne ensuite l'administration, la justice, et les lois appliquées en Inde. La couronne britannique reprend des mains de la compagnie des Indes orientales l'administration du pays. Les forces armées indiennes sont réorganisées au sein de l'armée anglaise et il n'y aura plus jamais de mutinerie avant l'indépendance en 1947.
Un volume efficace, servi par de nombreuses cartes et une abondante iconographie, et comprenant une bibliographie pour creuser le sujet. Manque peut-être juste des discussions sur l'équipement militaire des forces en présence et quelques exemples tactiques pour illustrer la campagne.
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