" Historicoblog (4): Sisu. De l'or et du sang (2022) de Jalmari Helander

mardi 8 août 2023

Sisu. De l'or et du sang (2022) de Jalmari Helander


 

Automne 1944. La Finlande, qui a conclu un armistice séparé avec l'URSS, doit maintenant chasser les Allemands de son territoire vers la Norvège (guerre de Laponie). Un chercheur d'or finlandais (Jorma Tommila) qui prospecte dans cette région isolée trouve enfin le pactole. Mais sur le chemin du retour, il croise une unité de la Waffen SS dirigée par un Obersturmführer (Aksel Hennie), lequel, s'étant rendu compte de ce que transporte le chercheur d'or, va désespérément tenter de mettre la main dessus. Seulement, cet homme seul n'est pas forcément celui qu'on croit au premier abord...

 

Seul au milieu des Heinkels...
 

Sisu est un mot finlandais difficilement traduisible qui signifie l'abnégation, le courage indomptable devant les difficultés. Il est utilisé d'ailleurs par le maréchal Mannerheim pour décrire la résistance des troupes finlandaises après l'offensive soviétique de juin 1944 contre la Finlande. Le film tranche résolument avec d'autres productions finlandaises déjà réalisées sur la Seconde Guerre mondiale, comme Tali Ihantala (2007), qui, avec un aspect quasi documentaire (bien que très finlando-centré), décrivait la bataille qui mit un coup d'arrêt à l'offensive soviétique de juin 1944 contre la Finlande, avant l'armistice. Helander s'inspire directement ici, comme il le reconnaît lui-même, du premier Rambo (1982) et de la référence historique qu'est Simo Häyhä, le légendaire sniper finlandais de la guerre d'Hiver contre l'URSS (1939-1940) surnommé "la Mort Blanche".

Il était une fois en Laponie...
 

Tourné en Laponie, avec des paysages superbes, pendant la pandémie de Covid, le film se présente comme un western mélangé d'emprunts aux films de Tarantino, ce que montre le découpage en chapitres. Point de fioriture dans le récit : Helander ne veut pas rendre son personnage principal attachant (il ne parle pas avant la dernière scène du film, son seul compagnon est un chien, un Bedlington Terrier), il incarne en fait à lui seul la résistance de la Finlande à l'envahisseur, qu'il soit nazi ou soviétique. Le chercheur d'or personnalise l'esprit du pays, et il ne faut donc chercher aucune vraisemblance : les nazis meurent de toutes les façons possibles, à grand renfort de gore et presque dans une dimension cartoon, alors que le Finlandais survit quoiqu'il advienne. La musique avec une dimension presque mystique renforce cet état de fait. On note que le réalisateur, dans un renversement de situation, fait aussi la part belle aux femmes emmenées en captivité par les nazis, qui vont pouvoir se retourner contre leurs bourreaux. Le film, qui ne se prend jamais au sérieux, ce qui est sans doute sa principale force et sa principale faiblesse, n'oublie tout de même pas le contexte historique : la politique de terre brûlée exécutée par les nazis en Laponie durant leur retraite, par exemple (à un moment, le chercheur d'or finlandais passe devant des poteaux indicateurs montrant la ville de Rovaniemi, où il arrive juste après, et qui est probablement celle montrée incendiée : elle a effectivement fini détruite par les nazis durant leur retraite).

 

Puissance de feu (1).

 

Puissance de feu (2)

 

Destination : terre brûlée.

 

 


Au niveau de l'armement, si les soldats allemands sont correctement équipés de fusils Kar 98K et de mitraillettes MP40, et le side-car d'une MG-34, le char de la colonne allemande est malheureusement un char T-55 soviétique de la guerre froide... ce qui donne quand même l'occasion de quelques scènes de tir impressionnantes avec la mitrailleuse lourde antiaérienne DShKM en 12,7 mm de tourelle. A noter aussi l'avion soviétique Lissounov Li-2 à la fin du film, là aussi déplacé, mais particulièrement intéressant à voir.

Après l'effort, le réconfort.


 

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