" Historicoblog (4): Richard HOUGH, La mutinerie du cuirassé Potemkine, Le livre de poche, Paris, Robert Laffont, 1967, 255 p.

dimanche 22 avril 2018

Richard HOUGH, La mutinerie du cuirassé Potemkine, Le livre de poche, Paris, Robert Laffont, 1967, 255 p.

Un des rares ouvrages consacrés à la mutinerie du cuirassé Potemkine, datant de 1960, donc quelque peu daté, traduit en français dans cette édition sept ans plus tard. Il a été réédité il y a quelques années chez Tallandier (2011). Hough écrit à une époque où la légende de l'événement est à la fois exploitée par les Soviétiques et par les Russes émigrés. Difficile, donc, de dresser l'histoire d'un tel événement.

La mutinerie du Potemkine prend place dans le contexte de la révolution de 1905 et suite à l'écrasante défaite de la marine russe face au Japon. Le cuirassé part pour des exercices de tir en mer Noire ; si le commandant est plutôt débonnaire, ce n'est pas le cas de son second, très strict, alors que l'équipage compte un militant marxiste, Matouchenko, qui tente de prêcher à ses camarades.

La mutinerie démarre suite à problème de viande avariée. Le commandant tergiverse alors que son second est partisan des mesures les plus dures pour prévenir toute mutinerie. C'est parce qu'il menace de fusiller les mutins que le second provoque la mutinerie : il est tué dans l'échauffourée, puis les matelots exécutent plusieurs officiers, dont le commandant, mais pas tous, avant de prendre le contrôle, également du torpilleur 267 qui navigue de concert avec le Potemkine.

Pour éviter le reste de la flotte, le Potemkine gagne le port d'Odessa, où des cellules révolutionnaires entretiennent l'agitation. Mais les marins n'arrivent pas à rallier les soldats et les cosaques qui vont devenir les instruments de la répression. Constantin Feldmann, l'étudiant qui dirige la révolution à Odessa, s'aperçoit vite que les marins ne comptent pas s'engager pour faire basculer la ville, attendant d'autres bâtiments de la flotte dont les équipages devraient, selon eux, se mutiner aussi. Des heurts ont lieu dans Odessa, même si la scène de l'escalier, mise en scène de manière célèbre par Eisenstein, ne s'est probablement jamais déroulée -Hough est d'ailleurs encore prisonnier de cette vision.

Matouchenko constate que le reste de la flotte ne vient pas. Les marins ont obtenu le droit d'inhumer à terre le seul marin tué pendant la mutinerie, mais le cortège est l'occasion d'une véritable embuscade. Le gouverneur Khokanov suscite un mouvement antisémite, qui tourne au pogrom, pour détourner la colère de la population. La presse étrangère couvre l'événement, ce qui lui donne une envergure internationale. Feldmann obtient que le Potemkine tire finalement quelques obus sur la ville, en guise d'avertissement, mais sans grand effet.

Deux escadrons de la flotte de la mer Noire arrivent finalement devant Odessa : le Potemkine va à leur rencontre, et les navires refusent d'ouvrir le feu ; l'un d'entre eux, le cuirassé Georges le Victorieux, rejoint même les mutins. Mais Feldmann, qui monte à bord, constate que l'équipage est davantage effrayé que révolutionnaire. Une nouvelle délégation menée par le docteur Golenko, survivant de la mutinerie originelle, persuade l'équipage du cuirassé que la mutinerie est condamnée à l'échec. Isolé, le Potemkine décide de mettre le cap sur la Roumanie. Là, après un appel au monde entier, les mutins sont contraints à la reddition. Certains choisissent de rester en Roumanie, d'autres retournent en Russie. Le cuirassé, coulé par les mutins, est  rendu à la Russie et renfloué. Il sera détruit par ses officiers à Sébastopol en 1919 pour ne pas être pris par les bolcheviks. Feldmann s'échappe de sa prison en Russie, gagne l'Autriche, et publie le premier livre sur l'événement. Matouchenko, qui a quitté la Roumanie et a rejoint la Russie et les milieux anarcho-syndicalistes d'Odessa, est capturé et pendu. Certains mutins s'exilent au Royaume-Uni ou en Amérique du Nord, certains reviennent ensuite en Russie après la révolution de février 1917.

Malgré son âge, un livre assurément à lire pour qui s'intéresse à l'événement, même si l'on cherchera des études plus récentes.

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