Merci
à M. Morant et B. Khabazan.
Al-Boukamal
était la dernière ville d'importance contrôlée par l'EI en Syrie,
près de la frontière irakienne, après la chute de Mayadin puis de
Deir Ezzor. L'EI, qui a pourtant indiqué dans son hebdomadaire
al-Naba dès
le mois d'octobre 2017 qu'il ne mènerait plus de combat urbain
prolongé et qu'il repasse à l'insurrection, va pourtant s'accrocher
dans al-Bukamal, sans qu'une explication suffisamment étayée puisse
être avancée. A-t-il voulu profiter de la précipitation des forces
du régime syrien, préoccupées à l'idée que les SDF puissent
s'emparer de la ville en premier ? A-t-il voulu un succès
d'estime avant de rebasculer complètement vers l'insurrection ?
Cherchait-il à gagner du temps pour permettre l'évacuation de
personnes ou de structures importantes ? Impossible de trancher.
Côté régime syrien, l'assaut sur al-Boukamal est essentiellement
mené par des forces étrangères alliées. Cette étude en source
ouverte sur la bataille d'al-Boukamal, qui ne peut être exhaustive
au vu notamment de la multiplicité des forces engagées du côté du
régime syrien, vise à donner un aperçu de la complexité des
acteurs présents pour cette partie.
Le
régime syrien avance sur al-Boukamal depuis 2 axes : depuis le
nord, où Mayadin est tombé sans trop de combats contre l'EI en
octobre, et depuis l'ouest, et la zone désertique. La
station de pompage T2 a été capturée par les forces du régime
le 26 octobre. Sur ce dernier front, ce sont des contingents
étrangers qui sont majoritairement engagés. Parallèlement, en
Irak, une offensive est lancée dans la province d'al-Anbar contre
l'EI : la ville d'al-Qaïm, située en face d'al-Boukamal le
long de la frontière, est capturée le 3 novembre, sans trop de
combats encore une fois.
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Carte du média du Hezbollah montrant la situation le 1er novembre. Les forces du régime sont encore à 50 km à l'est d'al-Boukamal. |
Le
1er novembre, les forces du régime sont encore à 50 km à l'est
d'al-Boukamal, à l'Est de la station T2. La chaîne Youtube
liée au Hezbollah libanais publie une
vidéo sur les opérations à l'est de la station de pompage T2.
Une colonne avance sous la protection d'un char T-72B (?) ; un
bulldozer est en tête pour établir rapidement des fortifications
avec tranchée et levée de terre. Plusieurs pick-up Land Cruiser
avec ZU-23 (dont l'un avec cage de protection autour du canon)
ouvrent le feu. Derrière une levée de terre, une dizaine de
combattants sont visibles : l'un tire avec une mitrailleuse PKM,
un lance-missiles antichars Konkurs est en batterie. Des
combattants de l'EI sont visibles derrière leurs positions
défensives. Un BM-21 Grad est utilisé pour les bombarder de
même qu'un automoteur d'artillerie 2S1 Gvozdika (122 mm), un
mortier et un lance-roquettes artisanal. La colonne reprend sa
marche. Les sapeurs font sauter des IED laissés derrière lui par
l'EI. Les bulldozers entrent en action pour préparer de nouvelles
positions défensives. L'artillerie pilonne à nouveau les positions
de l'EI -avec cette fois un canon M-46 de 130 mm en plus des autres
pièces. Un tir de missile antichar vise les positions adverses.
Liwa Fatemiyoun, la
division d'Afghans chiites hazaras recrutés par l'Iran pour
combattre en Syrie, publie également une vidéo le 1er
novembre montrant sa présence dans le secteur : nombreux
véhicules Safir iraniens (dont certains armés, notamment de
canons sans recul de 106 mm), camions pour transporter les pièces
d'artillerie (M-46 de 130 mm, D-20 de 152 mm), véhicule blindé
BMP-1, char T-72... l'infanterie transportée en pick-up est
appuyée par un technical avec KPV.
Ce jour-là, 6 bombardiers russes Tu-22M3 frappent les positions
de l'EI à al-Boukamal.
Le
2 novembre, 6 bombardiers russes Tu-22M3 frappent les positions
de l'EI à al-Boukamal. Le
3 novembre, la Russie lance encore 6 bombardiers Tu-22M3 sur
al-Boukamal qui larguent leur cargaison de bombes FAB-500 sur les
positions de l'EI. En parallèle, le sous-marin de classe Kilo
améliorée (Projet 636.3) Kolpino tire 6 missiles Kalibr
contre ces mêmes positions.
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Un Tu-22M3 russe largue ses bombes sur al-Boukamal. |
Le
4 novembre, la chaîne du Hezbollah publie une
autre vidéo sur les opérations dans le même secteur. Le
lance-roquettes artisanal, un mortier léger et un LRM Type 63 monté
sur véhicule Safir (iranien) entrent en action. Le Hezbollah
utilise aussi cette fois un char T-55 avec désignateur laser. On
peut clairement voir sur un pick-up Land Cruiser avec ZU-23 le
drapeau du Hezbollah. Un Land Cruiser pick-up avec KPV
protégé par un bouclier ouvre également le feu. Un L-39 du régime
syrien fournit l'appui aérien. Le Hezbollah utilise aussi un
pick-up Toyota avec LRM Type 63 et une batterie de mortiers. 2
véhicules blindés BMP-1 avec blindage cage autour de la tourelle
-typique du Hezbollah- et portant le drapeau du mouvement
libanais sont aussi présents. 2 chars T-90 sont également employés.
Le Hezbollah utilise un lance-missiles antichars Kornet
pour cibler un véhicule de l'EI. Un des servants de mortier porte
clairement l'écusson du Hezbollah sur la manche droite.
Bulldozers, chars, pick-up, paires de combattants à moto
avancent. Sur la route, le convoi comprend un MT-LBV (avec ZU-23). Le
Hezbollah engage aussi en appui-feu un de ses canons M-46 de
130 mm monté sur camion qui relève peut-être cette fois de l'armée
arabe syrienne. Le corps expéditionnaire en Syrie de la milice
chiite irakienne Kataib
al-Imam Ali est également présent sur cet axe de progression.
Une vidéo montre une infirmerie de campagne dans les positions tenues
au milieu du désert. La
Russie lance des bombardiers Tu-22M3 sur al-Boukamal pour frapper
les positions de l'EI.
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L-39 de l'aviation syrienne en appui rapproché. |
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Missile antichar Kornet. |
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M-46 sur camion, peut-être du régime syrien. |
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Emblème de Kataib al-Imam Ali. |
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Un Tu-22M3 russe lâche sa cargaison de FAB-500 sur al-Boukamal. |
Toujours
sur ce même front à l'est de la station T2, une
autre vidéo de la chaîne du Hezbollah du 5 novembre
démarre par un camp de Liwa Fatemiyoun, dont le drapeau est
aisément reconnaissable. L'unité a été très engagée dans
l'offensive du régime syrien à l'Est de la Syrie depuis le
printemps. On peut voir 30 à 50 Hazaras afghans dont une escouade
armée avec pas moins de 5 fusils anti-matériel AM 50 iraniens -plus
un tireur sur SVD Dragunov. La Fatemiyoun est appuyée
par un char T-90 et un BMP-1 semble-t-il. Un hélicoptère Gazelle
du régime syrien survole ses positions. Le Hezbollah est en
appui avec un LRM Type 63 sur pick-up qui tire des roquettes
de 107 mm de fabrication iranienne. A cette date, les forces du
régime ne sont plus qu'à 30 km d'al-Boukamal.
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Carte de situation au 5 novembre (média Hezbollah). Le régime est à 30 km à l'est d'al-Boukamal. |
Le
7 novembre, une nouvelle
vidéo montre le Hezbollah avec un char T-62, un véhicule
blindé BMP-1 avec blindage en cage autour de la tourelle. Un char
T-55 ouvre le feu. Le Hezbollah utilise encore son mortier
léger. Les combattants sont transportés par camion et moto. Un
combattant casqué du Hezbollah tire avec une mitrailleuse
PKM ; l'escouade autour de lui, avec une majorité d'hommes
casqués, tire à l'AKMS, il y a également un tireur d'élite sur
SVD. Des hommes de l'EI sont visibles à distance. Le Hezbollah fait sauter
un véhicule kamikaze abandonné. Le canon M-46 de 130 mm fournit
l'appui-feu, de même qu'un mortier moyen. Le Hezbollah aligne
aussi un pick-up avec Toophan (version iranienne du
TOW). Protégés par les chars, les BMP-1, un buggy et
l'infanterie à pied, les bulldozers creusent de nouvelles positions
défensives.
L'avance
à l'est de la station T2 ne se fait pas sans pertes. Le Hezbollah
accuse 4 tués dans la province de Deir Ezzor début novembre.
L'agence de propagande Amaq de l'EI publie une vidéo montrant
deux tirs de missiles antichars Konkurs/Fagot sur un char et
un véhicule le 7 novembre dans le secteur. Le 8 novembre, ce sont
deux
commandants de Liwa
Fatemiyoun qui sont tués sur la route d'al-Bukamal. Deux
jours plus tôt, Saffar
Seifi, qui commandait le contingent de Liwa Fatemiyoun sur
le front de Mayadin, a été enterré en Iran.
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2 commandants de la Fatemiyoun tués à l'est de la station T2. |
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Seiffar Seffi, qui commandait le contingent de la Fatemiyoun sur le front de Mayadin, est enterré en Iran le 6 novembre. |
Le
8 novembre, la chaîne du Hezbollah montre
la jonction, à la frontière, des combattants du Hezbollah et
de la milice chiite irakienne Harakat Hezbollah al-Nujaba, née
en 2013 en Syrie pour combattre aux côtés du régime et depuis
revenue en Irak -tout en continuant d'être
présente en Syrie. Nujaba a une brigade -la n°12- dans
la mobilisation populaire (Hashd al-Chaabi). La brigade 12 de
Nujaba a participé à l'opération pour reprendre al-Qaïm et
elle
est postée sur la frontière syro-irakienne au sud d'al-Bukamal. Nujaba combattra aussi dans al-Boukamal, sans que l'on puisse dire
s'il s'agit d'éléments de la brigade 12 ou de son corps
expéditionnaire en Syrie. L'imposant convoi de pick-up et de
technicals du Hezbollah est accompagné d'un char T-72
et de 2 jeeps Wrangler, ainsi que d'un BMP-1 et d'un buggy
dont le conducteur tient un AKSU-74.
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Situation au 8 novembre. Le régime entre dans al-Bukamal par le sud et par l'ouest, pour peu de temps. |
Le
9 novembre, une vidéo
du Hezbollah montre l'entrée dans les faubourgs al-Bukamal.
LRM Type 63 sur véhicule, mortiers, technicals ouvrent le feu
pour préparer l'assaut. 3 véhicules blindés BMP-1 portant le
fanion du Hezbollah et un blindage cage autour de la tourelle
sont déployés, de même que 3 chars. Plusieurs escouades d'une
dizaine d'hommes du Hezbollah se préparent à l'assaut. Les
forces du régime syrien pénètrent dans al-Boukamal par l'ouest et
par le sud, tandis que des milices chiites irakiennes de la
mobilisation populaire, franchissant la frontière, avancent au nord
de la ville. Le régime annonce la chute de la ville d'al-Boukamal.
En
réalité, le Hezbollah et les autres forces étrangères du régime
syrien n'ont fait qu'investir les faubourgs de la ville. L'EI
monte rapidement une contre-attaque dès le soir du 9 novembre, après
s'être dissimulé dans des tunnels, en laissant avancer
l'adversaire, ce dont témoigne une vidéo Amaq du 10
novembre. On peut y voir un mitrailleur PKM avec AK dans le
dos, un pick-up Land Cruiser avec canon 2A7 de 23 mm et
pas moins de 4 tirs de missiles antichars sur des chars ou des
bulldozers ; plusieurs véhicules sont en flammes. L'EI filme
l'intérieur de la ville, où l'on peut voir les restes des dais
tendus au-dessus des rues pour masquer l'observation aérienne. Les
forces du régime sont repoussées en dehors de la ville le 11
novembre.
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Les restes des dais pour masquer l'observation aérienne filmés par l'EI dans al-Boukamal. |
Le
Hezbollah publie les
posters de 9 de ses « martyrs »
tués à al-Boukamal. Plusieurs membres syriens du Hezbollah
(chiites) sont également tués dans cette contre-attaque. En
tout, pendant la bataille d'al-Boukamal, ce sont 17 hommes
syriens du Hezbollah de Zahra et Nubl, 4 de Foua et Kafraya et
7 de Homs qui sont tués. La milice chiite irakienne Kataib
Hezbollah, qui a participé à
la prise de la ville d'al-Qaïm le 3 novembre précédent (avec
un char T-90
et un ZSU 23/4 équipé du système Sarab contre les
missiles antichars, tout droit venus de Syrie après livraison par la
Russie), poste également un
poster de 5 « martyrs »
tombés sur le front d'al-Bukamal. La milice palestinienne
pro-régime syrien Liwa al-Quds, à l'origine basée à Alep,
annonce
aussi la mort de 5 de ses combattants ainsi que 7 blessés, tous
recrues de fraîche date dans la province de Deir Ezzor.
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Les 9 tués du Hezbollah. |
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Les 5 tués de Kataib Hezbollah. |
Repoussées
en dehors d'al-Bukamal, les forces du régime syrien pansent leurs
plaies et préparent un nouvel assaut. La chaîne militaire du
Hezbollah ne publie plus de vidéos pendant près d'une
semaine, jusqu'au 15 novembre. Une
vidéo montre alors des renforts acheminés devant la ville :
on peut voir un camion portant un canon AZP S-60 de 57 mm sur camion,
un BMP-1 modifié qui embarque un canon ZU-23 en place de sa
tourelle, un Safir avec canon sans recul de 106 mm... de
nombreux véhicules portent l'étendard du Hezbollah. L'EI, de
son côté, publie un reportage photo montrant ses opérations au sud
de Mayadin, au nord d'al-Boukamal. On peut y voir un tireur d'élite
sur M-16 à lunette, une mitrailleuse lourde Type 77/85 montée sur
une moto -montage déjà observé récemment plus à l'est face aux
miliciens irakiens- et un Toyota Hilux armé d'une
mitrailleuse lourde KPV. L'agence Amaq montre ce jour-là un
tir de missile antichar sur un blindé à Hamdan, au nord-ouest
d'al-Boukamal. Les
Russes envoient 6 bombardiers TU-22M3 escortés par des Su-30SM
de Hmeymin, dans la province de Lattaquié, pour frapper les
positions de l'EI à al-Boukamal.
Le
16 novembre, une
nouvelle vidéo montre les forces du régime reprenant
l'offensive sur al-Boukamal. Une cinquantaine d'hommes se préparent
à monter en ligne, avec des mitrailleurs sur PKM, des tireurs au
lance-roquettes RPG-7 et au moins un tireur d'élite sur SVD
Dragunov. Un des combattants semble porter dans le dos le
drapeau de la milice chiite irakienne Asaib
Ahl al-Haq, dont on retrouvera de nouveau l'emblème dans les
combats de rues. On distingue également ce même drapeau sur un
pick-up Land Cruiser armé d'une mitrailleuse KPV au tout
début de la vidéo. Cette milice a reconnu l'existence d'un corps
expéditionnaire en Syrie, Liwa
Kafeel Zaynab, dès juillet 2013 ; elle avait envoyé
des combattants pour alimenter d'autres milices probablement avant
cette date. Asaib Ahl al-Haq dispose de 3 brigades dans la
mobilisation populaire (41, 42 et 43) : les brigades 41 et 43
sont positionnées non loin de la frontière et il est fort possible
que des combattants l'aient traversé pour prêter main forte au
régime, à moins qu'il s'agisse d'une unité du corps
expéditionnaire syrien de la formation. L'EI communique également
beaucoup sur la défense de la ville devant le renouveau d'offensive
du régime : des moyens conséquents sont mobilisés, puisque
l'on peut voir pas moins de 4 tirs de missiles antichars, notamment
sur des bulldozers. Un obusier D-20 de 152 mm sur camion est employé
de même qu'un canon S-60 AZP sur camion, un canon 2A7 de 23 mm sur
pick-up Land Cruiser et des groupes de combat avec PKM, RPG-7,
ainsi qu'un tireur d'élite sur M-16 à lunette. Un autre reportage
photo montre les combats à al-Kashmah, à 45 km au nord-ouest
d'al-Boukamal, au sud de Mayadin : l'EI y détruit un char T-90
et tue plusieurs combattants du régime syrien.
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Obusier D-20 sur camion de l'EI. Le servant à gauche semble être un adolescent |
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Des habitants d'Al-Boukamal témoignent qu'ils sont du côté de l'EI, pour la propagande. |
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T-90 détruit par l'EI près d'al-Kashmah. |
L'EI
publie de nouvelles photos des combats à al-Boukamal le 17 novembre.
Un lance-missiles antichars Fagot monté sur un pick-up
Toyota Hilux ouvre le feu de même qu'un autre lance-missiles
antichars Konkurs/Fagot placé au sol (à moins que ce ne soit
le même). Un bulldozer est incendié ainsi qu'un véhicule léger
iranien Safir. La chaîne du Hezbollah quant à elle
diffuse une
vidéo où l'on peut voir une batterie de canons de 105 mm M101A1
(iraniens) probablement manoeuvrés par des Hazaras de Liwa
Fatemiyoun, qui fait feu sur al-Boukamal. Un Safir avec
Type 63 précède une colonne de combattants. Dans un bâtiment, des
fantassins se préparent à l'assaut. L'un d'entre eux porte
l'écusson de manche d'Asaib Ahl al-Haq, confirmant la
présence de la milice chiite irakienne dans les combats. Un Mi-17 du
régime syrien est aperçu en vol. On voit ensuite les positions
d'artillerie à l'extérieur de la ville : BM-21, D-30, 2S1,
D-20, lanceurs IRAM... il y a également de nombreux véhicules avec
drapeaux du Hezbollah, dont plusieurs technicals armés
de canons de 37 mm. Le drapeau de Liwa Fatemiyoun est encore
une fois visible. La caméra filme aussi le Safir détruit par
le lance-missiles antichars de l'EI. La
Russie engage de nouveau 6 TU-22M3 pour bombarder les positions
de l'EI à al-Boukamal avec des bombes FAB-500.
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Ces obusiers de 105 sont très probablement servis par des Afghans de Liwa Fatemiyoun. |
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Drapeau de Liwa Fatemiyoun. |
Le
18 novembre, la chaîne militaire du Hezbollah publie toute
une série de vidéos montrant les combats de rues dans al-Boukamal.
La première
permet de voir que les chars et véhicules blindés BMP-1 sont déjà
entrés dans la ville. Les fantassins du Hezbollah, casqués
et lourdement armés, progressent dans les rues situées près d'une
station électrique, dans la partie nord de la ville. On peut
observer que comme chez l'EI d'ailleurs, l'équipe média du
Hezbollah comprend deux opérateurs, l'un des deux étant
filmé par son collègue pendant la séquence. En combats de rues, le
Hezbollah emploie un ZU-23 sur Land Cruiser pick-up en
tir tendu. La caméra filme d'ailleurs un combattant de l'EI pris
sous les tirs du Hezbollah. Un mitrailleur PKM du groupe
libanais tire à travers une meurtrière creusée dans un mur de
bâtiment. Depuis les toits, les combattants du Hezbollah
tirent aussi avec leurs mitrailleuses PKM ou leurs RPG-7. Pour ouvrir
les portes, le Hezbollah utilise des charges explosives. La
deuxième
vidéo du jour se situe toujours pour partie au
niveau de la station électrique. Une Jeep Wrangler avec canon
sans recul de 106 et un Land Cruiser pick-up avec ZU-23 sont
installés près d'un groupe de combattants du Hezbollah. Le
groupe libanais montre quelques documents capturés : une carte
d'identité pour un médecin militaire, Abou Talal, de Ramadi, qui a
le droit de porter une arme, document délivré par le département
de la médecine de la wilayat al-Anbar. Un autre document
semble être un laissez-passer pour entrer à Mossoul. La troisième
vidéo filme visiblement des combattants de Liwa Fatemiyoun
qui manoeuvrent à l'intérieur de la ville. On peut voir aussi un
bulldozer dans une opération de terrassement, puis un Hilux
pick-up avec KPV ouvrir le feu. Un Land Cruiser pick-up
avec ZU-23 est encore utilisé en tir tendu. Dans la quatrième
et dernière vidéo jour, le Hezbollah montre ses
lance-roquettes artisanaux montés sur véhicule ouvrir le feu depuis
l'extérieur d'al-Boukamal. Dans un des groupes de combat engagés
dans les combats de rues, un des fantassins porte un lance-roquettes qui
ressemble à un RPO-A Shmel russe, mais qui est peut-être un
MRO-A ;
en tout cas visiblement une arme thermobarique, que l'on voit
plusieurs fois portée par des combattants du Hezbollah.
Un mitrailleur PKM fournit un tir de suppression pour couvrir la
progression de son groupe de combat. Le Hezbollah met aussi en
oeuvre un fusil anti-matériel iranien AM 50. Depuis l'extérieur de
la ville, le groupe est soutenu par le tir d'un BM-21 Grad,
d'un automoteur d'artillerie 2S1, et de canons de 105 mm qui
appartiennent certainement à Liwa Fatemiyoun. Le ZU-23 sur
Land Cruiser pick-up continue d'être employé en tir tendu.
Un lance-roquettes Type 69 positionné sur un toit ouvre le feu. Un
canon 2A65 de 152 mm (modèle apparu en Syrie après l'intervention
russe de septembre 2015 : impossible de dire ici si les servants
sont syriens ou russes...) entre aussi en action à l'extérieur de
la ville de même qu'un D-30 (122 mm) sur camion du Hezbollah.
La caméra s'attarde sur des véhicules détruits dans les rues, dont
un bulldozer. Le Hezbollah capture des stocks d'armes de l'EI
(mitrailleuses lourdes), un pod de roquettes pris sur un hélicoptère
ou une base aérienne et plusieurs véhicules kamikazes intacts,
probablement saisis dans un petit atelier de fabrication. En plus de
faire sauter les portes à l'explosif pour les assauts de bâtiment,
le Hezbollah creuse aussi des brèches dans les murs avec le
même procédé, ou parfois à la masse. Les fantassins du Hezbollah
sont appuyés par un MT-LB. Ce
jour-là, la Russie participe à la bataille en envoyant 6
TU-22M3 bombarder les positions de l'EI à al-Boukamal, escortés par
des Su-30SM décollant de la base de Hmeymin près de Lattaquié.
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Fusil anti-matériel AM 50 iranien (12,7 mm) servi par le Hezbollah. |
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Canon 2A65 de 152 mm. Difficile de dire s'il est servi par des Russes ou des Syriens... |
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Abou Talal, médecin militaire de Ramadi, ayant le droit de porter une arme, wilayat al-Anbar, département de la médecine. |
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Les TU-22M3 russes continuent de larguer leurs bombes sur al-Boukamal. |
L'EI
finit par évacuer al-Boukamal le 19 novembre. La chaîne du
Hezbollah publie encore une vidéo
des combats de rues. On y voit un lanceur IRAM monté sur pick-up
en action, puis une batterie de mortiers moyens et une autre de
mortiers légers. Dans un des groupes de combat du Hezbollah,
un des fantassins transporte une masse pour abattre les cloisons. Un
char T-72 (ave un blindage renforcé autour de la tourelle assez
rare) est engagé dans les combats de rues, de même qu'un BMP-1 avec
blindage cage autour de la tourelle portant le fanion du Hezbollah.
Pour nettoyer l'intérieur d'un bâtiment avant un assaut, un des
groupes de combat emploie une grenade artisanale. Le Hezbollah
utilise aussi un canon sans recul SPG-9 sur trépied installé sur un
toit. Les dernières vidéos du Hezbollah, les 19-20 novembre,
s'attardent sur la présence du chef de la force al-Qods iranienne,
Qasseim
Soleimani, parmi les combattants étrangers qui ont repris la
ville. Soleimani était venu superviser le second assaut sur
al-Boukamal après l'échec des 8-11 novembre. L'EI montre tout de
même, le 19 novembre, un reportage photo avec une frappe de drone
armé -une première depuis longtemps. Le lendemain, un reportage
montre le bombardement au mortier des positions du régime au sud de
Mayadin. Un autre reportage montre les combats à al-Kashmah, tandis
qu'un troisième renseigne sur le bombardement d'Hamdan, au
nord-ouest d'al-Boukamal, par des roquettes et un canon M-46 de 130
mm. Une vidéo Amaq assez longue filme un assaut au sud de
Mayadin avec des moyens conséquents côté EI : 2 BMP-1 sont
détruits avec des missiles antichars, un autre est capturé de même
qu'un char T-90. Un combattant du régime capturé est exécuté sur
place. A Al-Ashayir, au nord d'Al-Boukamal, l'EI déploie un de ses
derniers BMP-1 (numéro 255), des pièces lourdes montées sur camion
(dont un AZP S-60 de 57 mm) et des combattants d'élite type
inghimasiyyi, le 21 novembre.
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Qassem Soleimani, le chef de la force al-Qods, sur le front d'al-Boukamal. |
Le
bilan humain de la bataille est plus facile à dresser du côté du
régime, bien qu'il soit forcément incomplet. Le Hezbollah a
laissé au moins 15 tués pour reprendre al-Boukamal ; 28
Syriens du Hezbollah ont également péri. Kataib Hezbollah
compte au moins 5 tués, Liwa al-Quds 5 tués également. Les
pertes de Liwa Fatemiyoun sont difficiles à estimer mais
plusieurs tués ont été honorés par le groupe via des posters de
propagande. Ali
Alfoneh comptait 16 morts afghans au mois de novembre au 27 de ce
mois. Il
semblerait que 5
Afghans aient été tués dans les combats d'al-Boukamal. L'Iran déplore la perte d'au moins 5 tués dans la bataille :
certains de ces hommes servaient de conseillers militaires auprès
des forces du régime syrien ou de ses combattants étrangers, ou
bien auprès des miliciens chiites irakiens. On compte toutefois le
décès d'un général des Pasdarans, Khayrullah
Samadi, proche de Qassem Soleimani, mortellement blessé par un
tir de mortier de l'EI le 16 novembre ; et celui de Alireza
Nazari, un autre officier supérieur des Pasdarans tué
dans la bataille. Le
corps expéditionnaire en Syrie de Kataib
al-Imam Ali perd 5 morts dans la bataille. Harakat
Hezbollah al-Nujaba n'a pas signalé de pertes. Côté EI, les
chiffres sont beaucoup plus difficiles à déterminer :
plusieurs sources parlent de plus de 100 tués, sans qu'il soit
possible de confirmer.
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Khayrullah Samadi. |
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Alireza Nazari. |
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Les 5 tués de Kataib al-Imam Ali. |
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Gaz Tigr et soldats russes à al-Boukamal. |
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Le contingent d'Harakat Hezbollah al-Nujaba dans la bataille d'al-Boukamal. |
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Un Afghan de Liwa Fatemiyoun tué pendant la bataille d'al-Boukamal. |
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Funérailles de combattants de Kataib Hezbollah à Damas (17 novembre). Sont-ils tombés pendant la bataille d'al-Boukamal ? |
En
guise de conclusion, on peut observer que la bataille pour reprendre
al-Boukamal, côté régime syrien, a surtout été le fait de ses
combattants étrangers : le Hezbollah libanais, qui a
soutenu le gros des combats, appuyé par Liwa Fatemiyoun ;
on note aussi la présence assez forte des milices chiites
irakiennes, ce qui ne saurait surprendre, puisque la plupart
combattent aussi en Syrie et sont alignées sur l'Iran. L'Iran est
également présent, par le biais de des conseillers militaires des
Pasdarans, et la Russie fournit un soutien aérien avec
peut-être une présence réduite au sol. L'EI, quant à lui, aura
déployé des moyens assez conséquents, parvenant à briser un
premier assaut sur la ville, avant de résister quelques jours face à
la nouvelle offensive, puis de se retirer pour combattre plus au
nord. La défense antichar mise en ligne par le groupe est
particulièrement remarquable. Reste à savoir pourquoi il a déployé
une telle résistance à al-Boukamal.
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