Compilation d'articles de Nicolas Werth parus dans des ouvrages collectifs, des revues spécialisées ou L'Histoire. 19 en tout. L'auteur, spécialiste de l'URSS sous Staline, constitue ce recueil autour de l'idée de la brutalisation des rapports politiques et sociaux, inédite selon lui sous ce régime. L'idée qui sous-tend l'ensemble, à propos de la violence d'Etat, est que celle-ci n'est pas seulement idéologique, mais qu'elle repose sur le constat que la domination exercée par le pouvoir est fragile, face aux résistances de la société et à un encadrement pas toujours aux ordres. Les répressions s'enchaînent car elles constituent l'unique réponse aux difficultés rencontrées. L'historien choisit 5 moments clés selon lui du processus : la période 1914-1921, où les bases sont jetées ; la période 1930-1933 ; la période des grandes purges de 1937-1938 ; les années suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui constitue en quelque sorte un "assouplissement" ; et la période 1953-1956 après la mort de Staline.
Le livre, bien que restant une compilation, est très abordable pour le grand public -ce qui était sans doute l'objectif- et pose bien aussi les débats de l'historiographie à l'époque de la parution. Il offre un bon aperçu sur son sujet depuis l'ouverture des archives soviétiques, en particulier. Toutefois on ne peut s'empêcher de relever certaines redites entre les différents articles. Bien que Nicolas Werth se soit démarqué du Livre noir du communisme, auquel il a contribué en son temps, et des positions caricaturales d'un Stéphane Courtois, et qu'il se penche sur l'histoire sociale, tout en cherchant à dépasser l'opposition entre l'école totalitaire et l'école révisionniste, on ne peut s'empêcher de penser que le thème de la violence d'Etat, à lui seul, ne constitue pas ce qu'était l'URSS sous Staline. Une lecture intéressante mais à bien replacer dans son contexte et sa démarche d'écriture, tout en la complétant par la découverte d'autres approches.
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