Josef "Sepp" Allerberger a été l'un des tireurs d'élite les plus efficaces de l'armée allemande sur le front de l'est pendant la Seconde Guerre mondiale. L'auteur, Albrecht Wacker, spécialiste des armes, a interviewé l'ancien sniper pour bâtir cet ouvrage, qui ne constitue donc que l'adaptation d'un témoignage, sans aucun recoupage critique. Données à prendre en compte au moment de la lecture. Une carte située en tête permet de suivre le parcours d'Allerberger sur le front au fil des années.
Allerberger a fait partie de la 3 Gebirgs-Division (3ème division de chasseurs alpins), Gebirgs-Jäger-Regiment 144. Né en 1924 près de Salzbourg, en Autriche, il est mobilisé en février 1943, avant ses 18 ans, il est expédié sur le front de l'est, près de Voroshilov en juillet 1943. Il participe au combat dans le bassin du Donets. Mitrailleur, il est blessé légèrement lors de son premier engagement. Le récit de la découverte d'un souterrain où des Soviétiques encerclés, pour survivre, se sont livrés au cannibalisme, offre un premier exemple de témoignage qu'il est impossible de confirmer, faute d'apparat critique.
C'est à l'armurerie de son régiment, où il se remet de sa légère blessure, qu'Allerberger découvre un fusil Mosin Nagant capturé et ses dons pour le sniping. Il abat bientôt son premier tireur d'élite adverse. Son unité alterne les phases de repli, où le sniper couvre l'arrière-garde, et défense statique de positions établies à la hâte où un sniper se révèle précieux. En octobre 1943, lors d'une offensive soviétique, le sniper prétend avoir vu les Soviétiques tirer sur leurs propres hommes qui refluaient. Impossible à confirmer là encore. Allerberger accompagne les patrouilles offensives entre les lignes. Sa division tient la tête de pont près des mines de manganèse de Nikopol. Allerberger témoigne de l'inefficacité des nouveaux uniformes d'hiver allemands, inadaptés aux conditions climatiques et qui pourrissent. Il préfère se faire confectionner un vêtement de camouflage spécifique par le tailleur de son régiment.
Pour avoir négligé une des règles importantes du sniper, changer de position après chaque tir, Allerberger perd un observateur, Moser, alors qu'il est dissimulé sous une épave de char. Après avoir repoussé une attaque soviétique, il découvre avec ses camarades 5 soldats allemands capturés un peu plus tôt égorgés dans un abri souterrain. Les Allemands se vengent sur un sergent soviétique capturé, torturé avant qu'un sergent ne l'abatte pour mettre fin à ses souffrances. Pour tenir le choc, on distribue aux hommes de la 7ème compagnie, celle d'Allerberger, de la Pervitine, une métamphétamine.
Au début de janvier 1944, malade, Allerberger est attaché au capitaine Kloss du 2ème bataillon. Il opère une fois avec Joseph Roth, un autre sniper, et en tandem, ils abattent un sniper soviétique particulièrement talentueux. Allerberger opère souvent seul, mais s'adjoint parfois un observateur. Sa division se replie, pressée par les Soviétiques, franchit le Boug. Le sniper décrit l'arrivée de 5 infirmiers survivants, témoins d'un massacre de blessés allemands dans un hôpital de campagne abandonné derrière, par une unité asiatique de l'Armée Rouge, sans qu'évidemment rien ne permette de recouper ces descriptions. Allerberger assiste à la blessure fatale du colonel von der Goltz, commandant le régiment 138 de sa division. Sur le Boug, ses tirs permettent de stopper une tentative de franchissement soviétique les 25-26 mars. Lors du repli vers le Dniestr, le sniper, à l'arrière-garde, abat les conducteurs des half-tracks des avant-gardes soviétiques.
En une occasion, Allerberger décime une unité soviétique de snipers féminins dissimulés dans les arbres. L'auteur en profite pour faire une digression qui montre le retard qu'ont pris les Allemands sur le plan des tireurs d'élite par rapport aux Soviétiques, la Wehrmacht ne réagissant qu'en 1942-1943. Bientôt la division se replie en Bessarabie, aux portes de la Roumanie. Allerberger raconte comment le capitaine Kloss abat une sentinelle dont l'erreur a coûté de nombreuses vies humaines précédemment. Il décime les Soviétiques se baignant dans le Dniestr, et mène une opération "commando" pour capture la poule d'un sergent d'une unité voisine, à la demande de ses camarades. Fin mai 1944, la division est dans les Carpathes. Allerberger ne goûte pas aux joies des "bordels de campagne" après qu'un sergent vétéran lui ait exposé les méthodes de désinfection en vigueur dans l'armée, particulièrement douloureuses pour les soldats.
Pour l'envoyer en permission, Kloss expédie Allerberger dans une des nouvelles écoles de snipers créées dans les camps d'entraînement, fin 1943, près de Judenburg en Autriche. Allerberger peut visiter sa famille et dans le camp, il fait profiter de son expérience. Il manipule des Kar 98k avec différentes lunettes. Revenu sur le front, en Roumanie, début août 1944, il assiste au retournement des Roumains, évitant de justesse un piège où plusieurs de ses camarades laissent la vie. Il participe à des patrouilles pour secourir des Allemands encerclés ; une fois, il doit abattre, à la demande du sergent, un blessé impossible à secourir en raison du feu d'un sniper. Lors d'une autre patrouille, il peut constater la terrible efficacité des nouveaux fusils d'assaut StG 44. Allerberger continue d'utiliser son Kar 98 malgré l'arrivée de Gewehr 43, qu'il garde toutefois en réserve. En septembre-octobre, la division, repliée en Hongrie, repousse de féroces offensives soviétiques.
Près de Nyiregyhaza, Allerberger et son unité assiste aux exactions de l'Armée Rouge, en particulier les viols suivis des meurtres. Le sniper décrit une de ces scènes en détail, à laquelle il a assisté avant d'intervenir avec ses tirs. De nouveau, impossible de recouper ce témoignage, mais les faits sont avérés par d'autres sources à cette époque sur le front de l'est. Le 10 novembre, le désormais commandant Kloss, qui a pris la tête du régiment, est tué par un bombardement sur son PC ; les Soviétiques sont devenus experts en repérage des transmissions radios que les Allemands utilisent faute de téléphone. La division est repliée en Slovaquie en décembre 1944 et combat les partisans. De nouveau, Allerberger décrit les atrocités commises par ces derniers sur les prisonniers : un de ses collègues snipers aurait ainsi été découpé en morceaux dans une scierie. La division combat en Pologne, où là encore, le sniper témoigne du peu de compassion des Soviétiques pour les civils. Il a l'occasion de se servir enfin du Gewehr 43 pour repousser une vague d'assaut soviétique.
Allerberger n'a jamais porté les décorations que l'armée lui a attribué, qui auraient signé son arrêt de mort en cas de capture. Le maréchal Schörner le décore de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer, qu'il reçoit le 20 avril 1945, dix jours avant le suicide d'Hitler. Au moment de la capitulation, la division est près d'Olmütz. Sepp tente sa chance avec un camarade, qui meurt en route par imprudence, afin de se replier à l'ouest pour se rendre aux Américains et non aux Soviétiques. Il y parvient, mais comprenant que les Américains vont les livrer, il s'échappe à nouveau. En forêt, il est assailli par des détenus de camp de concentration libérés, ce qu'il ignore à l'époque -du moins à ce qu'il dit. Arrivé près de Linz, il est détenu peu de temps dans un camp de prisonniers avant d'être libéré, et rentre chez lui le 5 juin 1945.
Comme souvent dans ce type de livres, le contenu vaut davantage pour l'aspect technique et matériel (naissance et évolution d'un sniper, ses méthodes, son équipement) que pour le contexte dans lequel il a combattu. L'absence du regard critique d'un historien, ou du moins de sa méthode, fait cruellement défaut pour contextualiser le témoignage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.