Publié sous l'égide de l'association Pour mieux connaître le Tchad, fondée en 1992 par des intellectuels français et tchadiens pour mieux faire connaître l'histoire de ce pays, ce livre reprend le récit des batailles intertribales d'Oum Hadjer en 1947. Pierre Hugot, l'auteur de ce texte en 1949, était alors le chef du district concerné. Un mois après sa prise de fonctions, il affronte les combats entre Missirié et Rattanine. C'est l'affrontement le plus violent et le plus meurtrier entre la fin de la conquête coloniale et le déclenchement de la guerre civile au Tchad, provoqué par un mécontentement contre des excès fiscaux, coutumiers ou officiels. Il est donc particulièrement intéressant de rééditer ce document.
Le récit de P. Hugot est suivi de plusieurs documents administratifs qui commentent la situation. La partie la plus intéressante est sans doute le dialogue entre Claude Durand, chargé par l'association d'éditer le livre, et P. Hugot. L'intérêt principal du propos, malgré la place exclusive accordée aux anciens administrateurs coloniaux, les seuls témoins consultés ici, est de montrer que ces affrontements n'ont rien d'interethniques. En réalité, l'administration coloniale, plus que clairsemée, isolée, avec une administration centrale qui tarde à prendre les décisions, explique à elle seule ou presque les affrontements. Placer les transhumants Missirié sous l'administration d'un chef de canton sédentaire Rattanine, avide de prélever des impôts coutumiers sur ses nouveaux administrés, a été une erreur. Le livre se complète par un répertoire sur les Missirié et une présentation de leur transhumance à l'échelle de la cellule familiale (Kashimbet), accompagnée de cartes.
Le livre n'est donc pas à proprement parler un ouvrage universitaire, puisqu'il fait surtout appel à un ancien administrateur ayant servi 15 ans dans le pays. Néanmoins le témoignage, un peu remis en contexte, permet de mieux comprendre la situation du Tchad au sortir de la Seconde Guerre mondiale. C'est un ouvrage qui n'intéressera que les spécialistes ou les passionnés de l'histoire du pays, toutefois.
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