Harakat
Hezbollah al-Nujaba (HHN), né en 2013, est l'un de ces groupes
« paravents » mis en place par les « groupes
spéciaux » iraniens en Irak (Asaib Ahl al-Haq surtout),
pour fournir au régime syrien une infanterie en nombre suffisant. En
effet, l'Iran estime, dans le cadre d'un conflit où le régime ne
peut engager qu'une partie limité de l'armée régulière (le reste
étant peu sûr politiquement) et n'a qu'une base de recrutement
limité, et face à un adversaire qui n'a rien d'une armée
régulière, qu'un nombre de combattants suffisants et correctement
encadrés peut faire pencher la balance. Les miliciens irakiens
aident effectivement le régime à survivre en 2013-2014. Groupe
essentiellement militaire, HHN se redéploie en Irak à partir de
juin 2014 avec la mobilisation populaire lancée par les autorités
religieuses chiites et le Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki,
pour combattre ce qui devient alors l'Etat Islamique. Dirigé par le
sheikh al-Kabi, issu du mouvement sadriste mais rallié au groupe
spécial pro-iranien Asaib Ahl al-Haq, HHN utilise une rhétorique
très violente contre ses adversaires, l'EI bien sûr, mais aussi les
sunnites de manière plus générale. Au printemps 2015, profitant de
la stabilisation en Irak, HHN retourne en Syrie. A l'été, il
accélère sa campagne de recrutement pour ce théâtre d'opérations
afin de sauver le régime syrien qui bénéficie en septembre de
l'intervention russe. Depuis, HHN reste très présent en Syrie
(notamment à Alep) mais combat également l'EI en Irak. Ce qui
n'était qu'un groupe « paravent »
d'Asaib Ahl al-Haq devient une milice puissante qui n'hésite pas à
menacer l'Arabie Saoudite de représailles après l'exécution du
sheikh chiite Nimr en janvier 2016 (et a peut-être mis ses menaces à
exécution). HHN est un bon exemple à observer pour suivre la
politique de l'Iran sur le théâtre irakien.
Historique
Harakat
Hezbollah al-Nujaba fait partie de ces groupes paravents créés par
des organisations irakiennes pro-iraniennes (les fameux groupes
spéciaux, dont Asaib Ahl al-Haq et Kataib Hezbollah) pour fournir au
régime syrien en difficulté, à partir du printemps 2013, des
combattants professionnels encadrant des volontaires chiites
irakiens1.
L'accent est mis par ces groupes sur le volontariat de leurs membres,
pour rassembler une communauté chiite irakienne désordonnée :
les grands leaders religieux n'ont pas soutenu l'envoi de combattants
en Syrie, qui est alors plutôt le fait de groupes parrainés ou très
proches de l'Iran. Ce sont ces groupes comme Asaib Ahl al-Haq ou
Kataib Hezbollah qui organisent le transfert de combattants de l'Irak
à la Syrie. C'est seulement à partir de mars 2013 que ces groupes
font la publicité de combattants tués en Syrie, notamment au moment
des funérailles au retour des corps en Irak.
Harakat
Hezbollah al-Nujaba (HHN) apparaît en juin 2013. Le mouvement naît
avec les funérailles de 7 de ses combattants tombés en Syrie et
enterrés dans la province irakienne de Maysan. Rapidement, HHN
alimente d'autres milices paravents combattant également en Syrie2,
comme Liwa Ammar ibn Yasir (LAY). Ce groupe crée sa première page
Facebook le 27 mai 2013 et c'est l'une des premières milices
chiites nées en Syrie qui combat en dehors de Damas, aux côtés du
régime, à Alep. Cette milice a des liens étroits avec Asaib Ahl
al-Haq et l'Iran. Bien que combattant à Alep, elle utilise
l'argumentaire classique de défense du tombeau de Sayyida Zaynab à
Damas. LAY se présente comme une composante d'HHN. LAY, comme HHN,
semblent dès 2013 des paravents pour les groupes spéciaux iraniens
Asaib Ahl al-Haq (AAH) et Kataib Hezbollah3.
LAY est d'ailleurs dirigée par un des fondateurs d'AAH, le Sheikh
Akram al-Ka’bi. HHN comprendrait également des hommes des Brigades
du Jour Promis, le nouveau nom de l'Armée du Mahdi de Muqtda
al-Sadr4.
Même situation pour Liwa’a al-Imam al-Hasan al-Mujtaba, une autre
milice née en septembre 2013 qui opère dans la banlieue de Damas et
qui se rattache à HHN5.
Cette milice chiite stationnée l'automne 2013 dans la Ghouta
orientale et sur la route menant à l'aéroport de Damas, aurait
également été créée par HHN6.
A l'inverse, Liwa al-Hamad, une autre milice créée par HHN, reste
relativement peu connue en 2013. Cette milice est née semble-t-il en
juillet. Le peu de documents mis en ligne à son sujet montre des
liens étroits avec AAH7.
En
2014, HHN se redéploie en Irak après la chute de Mossoul prise par
l'EIIL au début du mois de juin. Le groupe se déplace ce mois-là à
Samarra. Avec ce redéploiement, on constate d'ailleurs que les
groupes spéciaux iraniens et leurs organisations « paravents »
pour leur participation au conflit syrien du côté du régime sont
de plus en plus imbriqués avec l'armée et les forces de sécurité
irakiennes8.
Akram al-Ka’bi, un ancien de l'Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr
qu'il a quitté en 2004 pour rejoindre AAH quelques années plus
tard, bâtit sa réputation en tant que commandant militaire, même
si l'on peut se demander si la milice HHN lui permettrait de jouer un
rôle au sein de la politique de la communauté chiite irakienne9.
De fait, AAH a lancé sa branche militaire contre l'EIIL en Irak dès
la seconde moitié de 2013 ; après la chute de la province
d'Anbar en janvier 2014, le Premier Ministre Nouri al-Maliki se
repose sur les milices chiites au lieu des forces armées en
déshérence. Celles-ci reçoivent armes et équipement de l'armée
irakienne ; celles qui sont en plus proches de l'Iran comme AAH
obtiennent des acquisitions supplémentaires de Téhéran10.
HHN a déployé en Irak des drones Yasir fournis par les
Iraniens11.
Le mouvement a un discours très belliqueux en Irak et pas seulement
contre l'Etat Islamique : son porte-parole menace le président
du Kurdistan irakien, Barzani, accusé de collaborer avec l'EI et les
baassistes12.
Début
2015, HHN s'impose comme une des milices chiites les plus puissantes
en Irak. Ses combattants sont aussi bien payés que les hommes de
l'armée irakienne et parfois mieux équipés, en raison des dons
faits par l'armée et les forces de sécurité et de ce qui est
fourni par l'Iran13.
Avec la stabilisation de la situation en Irak, et alors que l'armée
et les forces de sécurité partent à la reconquête de certaines
positions au début de l'année 2015, les milices chiites se
redéploient de nouveau en Syrie pour soutenir le régime. HHN est de
retour dans le secteur d'Alep dès le mois de mars 201514.
Dans une interview accordée à Al-Monitor ce même mois, le
sheikh al-Kabi reconnaît que ses hommes sont encadrés par des
conseillers iraniens et du Hezbollah et que des armes sont fournies
par l'Iran. Il reconnaît aussi l'autorité du wyliat al-faqih
et se réclame des enseignements de l'Ayatollah Mohammed Sadiq
al-Sadr et de l'Ayatollah Ali Khamenei. Comme d'autres groupes
pro-iraniens, al-Kabi loue le rôle de l'Iran dans la lutte contre
l'EI mais critique violemment l'intervention américaine. La
contradiction, difficile à surmonter pour al-Kabi, est que le
mouvement sadriste veut placer Nadjaf comme centre chiite, alors que
les Iraniens attribuent ce rôle à Qom. Kabi représente bien
l'influence à laquelle l'Iran est parvenue en Irak : il combat
aujourd'hui en Syrie non pas pour des motifs religieux ou
nationalistes, mais comme tremplin de l'Iran. Ce dernier cherche à
parrainer des groupes armés plus capables que les forces régulières
de défendre le gouvernement et le pays contre les menaces comme
l'EI. L'Iran espère évidemment ensuite récolter les bénéfices
politiques de cette opération et se placer en position dominante en
Irak15.
HHN est essentiellement composé de militants irakiens mais la milice
a ouvert ses rangs à des citoyens du Bahreïn ou du Koweït. Comme
le fait remarquer un analyste, cette milice est plus spécialement
dédiée à l'action militaire que d'autres, en raison de son
caractère de paravent pour AAH depuis le départ. Elle est ainsi
présente sur de nombreux fronts : elle participe à la reprise
de Tikrit en attaquant au nord de la ville en mars 2015, elle est
également installée devant Samarra en Irak et donc, aussi, en
Syrie, aux côtés du régime16.
En février 2015, HHN annonce ainsi la mort de 14 combattants lors
d'une tentative pour dégager les enclaves chiites de Nubl et Zahra,
dans la région d'Alep, assiégées par les rebelles syriens. En
avril, al-Kabi reconnaît la mort de 126 hommes en Irak et en Syrie
(38 pour cette dernière)17.
A partir de juillet, HHN, de concert avec une autre milice chiite née
en juin 2014, Kataib al-Imam Ali, accélère sa campagne de
recrutement sur les réseaux sociaux pour la guerre en Syrie. HHN a
été déployé pour tenter de reprendre la ville de Jisr
al-Shughour, une localité de la province d'Idlib tombée entre les
mains des rebelles en avril. HHN semble porter moins d'attention à
ses 3 subdivisions de 2013 et opère davantage sous son propre
étendard en soutien du régime syrien. Son commandant à Alep, Alaa
al-Musawi, est tué à Alep le 19 septembre18.
Le 26 août, la chaîne de télévision d'HHN annonce que ses hommes
combattent dans les provinces de Hama, Alep, et Lattaquié ; le
lendemain est également annoncée la mort de 5 combattants.
L'engagement de cette milice chiite irakienne jusque dans la province
de Lattaquié, bastion du régime, montre l'érosion des forces
loyales à Bachar el-Assad. Ce renouveau de l'engagement des milices
parrainées par l'Iran a pu se faire en concertation avec la Russie,
qui intervient en septembre plus directement pour soutenir un régime
à bout de souffle. Les combattants recrutés en juillet et en août
ont subi un entraînement d'un mois en Iran ou au Liban. Il
semblerait par ailleurs que les groupes spéciaux iraniens, les plus
anciens historiquement, se réservent désormais davantage pour
l'Irak (même si Kataib Hezbollah a fait la publicité d'un
déploiement en Syrie en septembre-octobre) alors que les
organisations « paravents » créées à cet effet
dès 2013 s'impliquent davantage dans la mobilisation pour la Syrie,
comme HHN19.
En septembre 2015, HHN développe une campagne de recrutement pour la
Syrie qui cible les chiites du Pakistan20.
En octobre 2015, sur le front d'Alep, les combattants d'HHN reçoivent
la visite de Qasseim Soleimani, le chef de la force al-Qods des
Gardiens de la Révolution iraniens, en pointe pour organiser et
entraîner des milices chiites en Irak comme en Syrie21.
Cette visite fait suite à un redéploiement des combattants d'HHN de
la province de Lattaquié vers le sud-est d'Alep, en même temps que
l'arrivée dans le même secteur d'un fort contingent du groupe
spécial Kataib Hezbollah22.
En novembre, al-Kabi en personne vient superviser l'opération visant
à dégager les enclaves chiites de Fuaa et Kafriyah dans la province
d'Idlib23.
En
janvier 2016, HNN menace l'Arabie Saoudite de représailles sur son
sol après l'exécution du sheikh chiite Nimr. L'attaque à la
roquette contre l'ambassade saoudienne en Irak est attribuée par
certains à HNN. Le 7 janvier, HHN organise une manifestation en
l'honneur du sheikh Nimr.
Propagande
HHN
dispose d'un site Internet24,
d'une page Facebook25
où sont publiés de nombreux documents (communiqués, photos,
vidéos...), d'un compte Twitter26
et d'une chaîne Youtube27.
Cette dernière n'est plus alimentée depuis 7 mois environ : à
la place, c'est la chaîne Youtube de la chaîne satellite
d'HHN qui a pris le relais28.
D'autres chaînes Youtube associées relie aussi des vidéos
sur HHN.
Un
tour d'horizons des documents les plus récents (décembre
2015-janvier 2016) confirment les attendus par rapport à HHN que
l'on a pu voir dans l'historique de la formation.
Le
7 janvier 2016, un chant interprété par deux membres de HHN,
Mustafa Kanani et Mushtaq Zebra, permet de voir plusieurs véhicules
de la police aux mains de la milice dont l'un modifié pour embarquer
une mitrailleuse DSHK et une mitrailleuse PK simultanément. Le 6
janvier 2016, une vidéo montre le sheikh al-Kabi se rendant en
pèlerinage à Nadjaf, lieu saint pour les chiites. La vidéo du 26
décembre 2015 montre al-Kabi au front parmi ses hommes et met aussi
en avant les lieux saints du chiisme, dont Nadjaf. Le 24 décembre
2015, une vidéo montre al-Kabi en visite au QG de l'armée irakienne
à Samarra, front sur lequel sa milice est présente. Le 5 décembre,
un montage met en scène un chanteur de HHN, Ali Zohr, sur fond
d'images rappelant la bataille de Kerbala, la mort d'Hussein et
d'Abbas. Cette même exaltation se retrouve sur une autre vidéo du
28 novembre. Dans une autre vidéo postée le 1er décembre, al-Kabi
prononce le sermon de la prière du vendredi devant ses hommes,
quelque part en Syrie. Sermon très violent où il s'en prend en
particulier aux sunnites.
Sur
la page Facebook, HHN met parfois en ligne des cartes de ses
opérations, comme celle du 4 janvier 2016 montrant le front près de
Samarra, en Irak.
Les
photos à thème militaire sont également nombreuses au vu de
l'importante activité du groupe en Syrie comme en Irak. Le 5
janvier, une photo montre ainsi un groupe d'une dizaine d'hommes,
dont deux ont un drapeau de la milice sur le dos, armés d'AK-47 et
de RPG-7. Sur une autre photo postée le même jour, on voit un
combattant sans visage tenir un M-16 à la main devant une
mitrailleuse lourde M2HB de 12,7 mm. Les symboles chiites sont
également très présents comme sur cette autre photo du 5 janvier
où l'on aperçoit un drapeau avec la figure d'Abbas. Sur une autre
photo on voit un milicien armé d'un fusil de sniper SVD Dragunov,
portant sur la manche droite l'emblème de la milice. Le 18 décembre
2015, une photo montre le canon bitube de 23 mm monté sur M1117 que
l'on voit régulièrement dans les vidéos du groupe (voir
ci-dessous). Le 21 décembre, on peut voir le technical armé
du même canon déjà observé en Syrie. Le 22 décembre, un cliché
montre un lance-roquettes artisanal en train d'être approvisionné
par un milicien. Le 23 décembre, une photo montre un combattant
servant un lance-missiles antichar Metis. Un autre combattant
pose à côté d'un cadavre de rebelle syrien. Sur une photo du 24
décembre, on voit un véhicule léger Safir armé d'un canon
sans recul, probablement un B10 de 82 mm ou un M40 de 106 mm. Le même
jour, des miliciens sont pris en photo en train de tendre un drapeau
de la milice sur un char T-55 probablement fourni par le régime
syrien. Un autre char T-55 du régime syrien est également visible
sur une photo du 28 décembre. Dans une photo du 29 décembre,
probablement prise en Irak, les combattants de HHN opèrent avec des
Humvees de couleur sombre (police/forces spéciales
irakiennes). Sur un cliché du 3 janvier, 15 hommes sont devant un
char du régime syrien. Le même jour, un homme est pris en photo
derrière un T-72, tenant une affiche où sont représentés de
grands dignitaires chiites.
HHN
met aussi en valeur ses morts avec ces images de funérailles
régulièrement reprises, commele 5 janvier. Un des « martyrs »
de la milice, Khaldoun Heydar Ahmed, est honoré par un poster mis en
ligne le 26 décembre. Le 30 décembre, un défilé dans la rue,
probablement en Irak, met en avant 5 « martyrs »
dont les panneaux sont portés par des miliciens.
La
symbolique est également très importante : le drapeau du
groupe est omniprésent, comme sur cette photo postée le 24
décembre. Le message de bonne année 2016 du groupe montre un
combattant sans visage armé à la fois d'une AK-47 et d'un M-16. Le
drapeau apparaît encore seul sur une photo du 2 janvier 2016 ou sur
une autre du 3 janvier.
Les
photos mettent également l'accent sur al-Kabi, le chef de HHN, comme
le 6 janvier lorsqu'il est en visite à Nadjaf. Le 2 janvier 2016,
une photo le présente avc l'emblème du groupe et une autre seul. Le
22 décembre, un montage l'associe à Mohammad Sadeq al-Sadr, le père
de Moqtada al-Sadr, assassiné par Saddam Hussein en 1999 et figure
du mouvement sadriste chiite. Le 24 décembre, on voit al-Kabi aux
côtés notamment d'Abou Mahdi al-Muhandis, figure historique des
groupes spéciaux iraniens en Irak, qui a dirigé Kataib Hezbollah et
se trouve maintenant à la tête des fameux Comités de Mobilisation
Populaire. Un autre poster du 25 décembre montre al-Kabi les mains
jointes en prière et derrière lui, Qasseim Soleimani, le chef de la
force al-Qods, dans la même posture. Soleimani apparaît d'ailleurs
en photo, seul, le même jour.
Ces
derniers jours, HHN s'est beaucoup servi de la figure du sheikh Nimr,
exécuté par l'Arabie Saoudite, exécution pour laquelle le groupe a
appelé à des représailles contre l'Arabie Saoudite. Le sheikh
apparaît sur un poster du 3 janvier.
Opérations
militaires, tactiques et équipement
HHN
a une stratégie de communication sur ses opérations militaires. La
propagande via la chaîne satellite s'est améliorée dans sa
réalisation. On retrouve les caractéristiques traditionnelles des
milices chiites : chants de guerre avec combattants et
véhicules, exaltation des grandes figures comme Abbas et des grandes
batailles comme Kerbala... HHN fait régulièrement du remploi
d'images dans ces vidéos mais n'hésite pas, il faut le souligner, à
montrer que ses combattants interviennent en dehors de Damas en Syrie
pourla défense du sanctuaire de Zaynab. On peut également remarquer
que les effectifs,à chaque fois, sont nombreux : plusieurs
dizaines d'hommes au moins, parfois plus de 50. Cela s'explique
facilement si l'on songe qu'HHN est issu d'AAH, groupe spécial
iranien probablement le plus important avec l'organisation Badr ;
le vivier de recrutement est donc consistant en Irak. Le groupe
possède ses propres véhicules, parfois des technicals
bricolés par lui, parfois récupérés sur les forces de sécurité
irakienne, parfois prêtés par le régime syrien.
Un
montage vidéo mis en ligne le 26 décembre 2015 par la chaîne TV de
HHN montre la milice en opérations en Irak et en Syrie (les images
souvent souvent mélangées). Des escouades opèrent avec l'armement
individuel et collectif classique sur le théâtre : AK-47,
mitrailleuses PK, lance-roquettes RPG-7. Les combattants de cette
milice opèrent en formation plus nombreuses que d'autres : les
images montrent souvent plusieurs dizaines d'hommes simultanément,
soit au moins l'effectif d'une section. Comme souvent chez les
miliciens chiites, de nombreux combattants arborent le fanion du
groupe dans le dos. HHN dispose dans cette vidéo d'un véhicule
blindé M1117 de la police fédérale armé d'un canon bitube ZU-23
de 23 mm protégé par un bouclier. On voit également un
lance-roquettes IRAM monté sur pick-up à deux tubes faire feu. HHN
utilise aussi un mortier de 82 mm et un autre de 120 mm. Un canon
ZU-23 bitube est aussi monté à l'arrière d'un pick-up. Un autre de
ces montages apparaît aussi avec un pick-up blindé de manière
artisanale, comme a pu le faire la milice chiite Kataib Imam al-Ali
(véhicule de couleur sombre). Un véhicule léger iranien Safir
avec canon sans recul de 106 mm apparaît également dans la vidéo,
ainsi qu'un autre équipé d'un canon sans recul B-10 de 82 mm. Les
combattants utilisent aussi une DSHK de 12,7 mm sur affût au sol et
une autre montée sur véhicule blindé Reva qui équipe la
police fédérale irakienne (acheté à l'Irak auprès de l'Afrique
du Sud). HHN a aussi un véhicule léger Safir armé d'un LRM
Type 63 de 107 mm.
Une
autre vidéo publiée le même jour (26 décembre) mixe des images de
combat tournées en Irak et en Syrie. On y aperçoit notamment un
T-72 du régime syrien avec protection de grillage artisanal qui
opère avec la milice. Al-Kabi fait embrasser par les miliciens le
Coran et le porte à leur front, dans la tradition chiite. On voit
aussi un véhicule blindé BMP-1 du régime opérant avec la milice.
Un des hommes est équipé d'un Sayyad-2, copie iranienne d'un fusil
de sniping lourd autrichien de 12,7 mm, le Hs. 50. HHN aligne aussi
un technical avec un bitube AA KPV de 14,5 mm. On aperçoit
également un char T-62 peut-être manoeuvré par les miliciens
d'HHN. Il y a aussi un technical avec mitrailleuse DSHK et un
autre char T-72 qui cette fois semble piloté par des hommes du
régime syrien. A la fin de la vidéo, on retrouve les images
irakiennes avec bitube ZU-23 sur technical ou M1117 et tir
d'IRAM.
Le
22 décembre, un reportage avec correspondant de guerre conduit le
spectateur dans les monts Makhoul, au nord-est de Baiji, en Irak, où
HNN combat l'Etat Islamique. On retrouve le M1117 avec bitube ZU-23
affublé de symboles chiites dont un portrait d'Ali ou Abbas. Le 19
décembre, un autre reportage du même genre -essentiellement des
interviews de combattants ou de commandants- a lieu dans la province
d'Anbar. Le 13 décembre, un reporter nous emmène dans Baiji libérée
par les milices chiites et l'armée irakienne.
Le
7 décembre, une vidéo présente les opérations d'HNN aux côtés
du régime syrien dans la région d'Alep. Plusieurs dizaines d'hommes
au moins sont transportés de nuit par camions et pick-up. Les
miliciens sont appuyés par une colonne blindée du régime syrien :
3 chars T-72 et 3 BMP-1. Ils disposent quant à eux d'un technical
avec DSHK, d'un autre avec canon bitube ZU-23, d'une batterie de
mortiers et d'un pick-up montant un LRM Type 63 de 107 mm. Les
miliciens précèdent les véhicules dans un village, avec leurs
technicals. Il est clair qu'ils servent d'infanterie pour
accompagner les chars et les véhicules blindés, le régime n'ayant
visiblement pas d'autres hommes disponibles. Une fois le village
nettoyé (on ne voit pas les combats ; un corps est visible
seulement), les chars y entrent et ouvrent le feu sur l'objectif
suivant. Quand une poche de résistance est rencontrée, les
miliciens font venir leurs technicals. Ils ont également un
mortier léger de 50 mm.
Le
5 décembre, une vidéo montre les hommes de HHN en action dans le
district industriel de Sheikh Najjar, au nord-est d'Alep. Les
miliciens sont nombreux : au moins une cinquantaine. Ils ont
avec eux le pick-up équipé d'une IRAM bitube. Là encore, ils
servent d'infanterie pour les véhicules blindés syriens : 2
BMP-1, 2 chars T-72 (dont un avec protection de grillage artisanale)
et un bulldozer blindé. Ils ont avec eux leur technical à
ZU-23 bitube. Les miliciens gagnent leurs positions : ils
doivent creuser un trou au marteau dans un mur clôturant une
propriété agricole. Puis ils s'installent dans un bâtiment en
passant par un trou dans le mur. La caméra s'attarde sur certains
qui font leurs prières. Les miliciens ont avec eux en appui un char
T-62 avec grillages de protection.
Le
2 décembre, une vidéo montre les miliciens après la libération
d'Al-Hadher, une localité située à 35 km au sud-est d'Alep. On
aperçoit dans la vidéo Qasseim Soleimani, le chef de la force
al-Qods. Al-Hadher est tombée entre les mains du régime le 12
novembre, ce qui montre qu'il y a un délai de 15 jours avant la
publication de la vidéo environ. Quant à la visite de Soleimani,
elle remonte au mois d'octobre : il s'agit donc d'images
anciennes. Dans cette vidéo les miliciens sont appuyés par un char
T-72 et un char T-62 du régime semble-t-il. Un reportage du 21
novembre montre HHN au combat dans les monts Makhoul. Les miliciens
sont transportés par pick-up dont 2 sont des véhicules de la police
irakienne (l'un embarque un canon KPV de 14,5 mm). On voit un tireur
PK et un autre au SVD Dragunov. Le 19 novembre, une vidéo
montre un violent combat urbain dans la région d'Alep. Les miliciens
sont appuyés par un char T-72. L'un d'entre eux porte l'écusson de
l'armée irakienne sur la manche gauche.
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