Je
m'étais arrêté en août 2016 pour
le dernier billet à propos de Liwat Fatemiyoun : celui-ci
prolonge jusqu'à fin novembre 2016.
D'après
un article du Washington Institute for Near East Policy1,
les dernières déclarations du dernier commandant adjoint en titre
de Liwa Fatemiyoun, Sayyed Hassan Husseini, appelé aussi Sayyed
Hakim, chiffrent le contingent afghan à 14 000 hommes, organisé en
3 brigades à Damas, Hama et Alep avec leur propre artillerie, leurs
propres blindés et leur propre service de renseignements. Cela entre
en contradiction avec la plupart des chiffres qui placent le nombre
d'Afghans à 3000, voire un peu plus, entre 5 et 10 000. Les Afghans
sont entraînés en Iran, à Qarchak, au sud-ouest de Téhéran,
pendant deux à trois semaines. Les Iraniens cherchent à ce que
leurs « proxies » en Syrie combattant de la façon
la plus indépendante possible. Le Brigadier General Mohammad
Ali Falaki, vétéran de la guerre Iran-Irak où il a commandé une
brigade mécanisée d'une division d'infanterie, membre des
Pasdarans, a servi avec la Fatemiyoun en Syrie. Le premier
contingent parti en Syrie aurait été constitué de 25 vétérans de
la brigade Abouzar de la guerre Iran-Irak et du corps Mohamed
du djihad anti-soviétique en Afghanistan : aucun n'a survécu.
Au départ, les Afghans combattent avec les chiites irakiens,
notamment Liwa Abou Fadl al-Abbas. Ce n'est que fin 2013 qu'est
organisée Liwa Fatemiyoun, qui tire son nom de Fatima, la fille du
prophète enterrée à Qoms en Iran2.
Le
11 septembre, Morteza Ataei (Abu-Ali), un cadre de Liwa Fatemiyoun,
est tué dans la province de Lattaquié. A la mi-septembre, Liwa
Fatemiyoun opère effectivement de concert avec Suqur
al-Sahara à Kinsabba, au nord de la province de Lattaquié. Le
21 septembre, une vidéo montre les combattants de Liwa Fatemiyoun
déployant leur drapeau sur une mosquée au sud d'Alep. Une vidéo du
30 octobre montre la montée en ligne (probablement à Alep) d'un
convoi de la Fatemiyoun : Toyota Land Cruiser avec KPV
protégée par un bouclier, une deuxième du même type (sans
bouclier, avec le drapeau de la Fatemiyoun) fermant la marche,
suivie par une Land Cruiser avec bitube ZU-23, puis une autre
Land Cruiser avec KPV/bouclier ; entre les technicals,
des véhicules transportant une bonne cinquantaine d'hommes. Début
novembre 2016, l'agence iranienne Fars publie des photos de
Liwa Fatemiyoun au combat à Alep, manipulant des obusiers D-20 de
152 mm, ce qui confirme que l'unité dispose de sa propre artillerie.
On voit aussi que les Afghans sont armés d'un fusil anti-matériel
iranien AM-50. Une vidéo de fin octobre montre des Afghans utiliser
un LRM Type 63 monté sur véhicule léger iranien Safir. Les Afghans
ont aussi un camion avec canon S-60 de 57 mm. Ces derniers documents
montrent une unité de la Fatemiyoun sur un autre front (est de la
province de Homs, vers Palmyre?). Des images du 11 novembre montrent
que les snipers de la Fatemiyoun se servent d'AM-50, de SVD
Dragunov et sont aussi formés au tir sur lance-missiles
antichars. L'Iran aurait installé un camp de base3
pour ses combattants étrangers à l'est de la montagne Tell Azan (15
km au sud d'Alep) : on sait par exemple que les Irakiens chiites
d'Harakat
Hezbollah al-Nujaba auraient leur base à Rasm
Bakru, juste à l'est de la montagne, à 16 km à l'ouest
d'al-Safira. Liwa Fatemiyoun y serait cantonnée aussi de même que
le Hezbollah et Liwa al-Quds. A Qom, en Iran, un cimetière entier
est dédié aux morts de la Fatemiyoun et de Liwa Zaynabiyoun, son
homologue chiite pakistanaise. Le 25 août, 4 tués de la Fatemiyoun
sont enterrés en Iran. Le 29 août, deux morts sont enterrés à
Mashad. Le 1er septembre, 3 combattants de la Fatemiyoun sont
enterrés en Iran. Le 17 septembre, Ali Ahmad Hosseini, combattant de
la Fatemiyoun, est enterré en Iran. Le 22 septembre, Téhéran
annonce la mort de 6 combattants de Fatemiyoun. Le 5 octobre, 4
combattants de la Fatemiyoun sont enterrés à Qom. Le 20 octobre, un
combattant de la Fatemiyoun tué en Syrie est enterré à Mashad, en
Iran. Le 2 novembre, 5 Afghans tués à Alep sont enterrés à Qom.
Le 10 novembre, 10 combattants de Liwa Fatemiyoun morts en Syrie sont
enterrés à Qom, en Iran. Idris Bayati, un enfant-soldat, est
enterré à Nadjafabad. Le 15 novembre, 6 combattants de la
Fatemiyoun sont déclarés mort à Alep. Le 20 novembre, on annonce
le rapatriement de 13 corps de Liwa Fatemiyoun en Iran. Le 30
novembre, lors des combats à Alep-Est, les rebelles syriens
capturent un Afghan de Liwa Fatemiyoun ; ce jour-là 7 Afghans
sont enterrés à Qom. Au 29 novembre 2016, Ali Alfoneh comptabilise
508 Afghans morts en Syrie depuis septembre 2013, dont 26 rien que
pour le mois de novembre 20164.
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