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vendredi 14 avril 2017

Soldats d'Assad 5/ISIS Hunters

Constitués après la défaite peu glorieuse du régime syrien et de ses alliés à Palmyre en décembre 2016 , les ISIS Hunters (chasseurs d'EI) ont pour vocation de tenir de manière fiable Palmyre et les alentours, la ville ayant été reprise le 2 mars par le régime syrien et ses alliés. Unité dite de « forces spéciales », ISIS Hunters a été formée par la Russie : de par sa présence active sur les réseaux sociaux, en anglais, l'unité sert en quelque chose de « vitrine » à la démarche russe de reconstitution de troupes efficaces pour le régime syrien. Peu nombreux, les ISIS Hunters sont pour autant très tributaires de l'allié russe.


 


Historique


Les ISIS Hunters font partie du 5ème corps de l'armée arabe syrienne, constitué avec l'appui de la Russie, à partir de novembre 2016. La Russie cherche en effet à s'appuyer sur des forces syriennes solides pour renforcer les capacités militaires du régime, déliquescentes avant son intervention : d'où la formation du 5ème corps (à vocation « commando », « antiterroriste »), après celle du 4ème. Mais alors que ce dernier visait à remettre sous la tutelle du régime des milices déjà existantes, le 5ème corps sera constitué uniquement de volontaires. La Russie cherche aussi à bâtir des forces qui peuvent servir de contrepoids à l'Iran, dont les objectifs diffèrent, en Syrie, de ceux de Moscou. De fait, le 5ème corps connaît, malgré les salaires alléchants qui sont proposés, des problèmes de recrutement : les vides sont en partie comblés par les brigades du parti Baath. Le 5ème corps a reçu de la Russie des chars T-62M et des véhicules blindés BMP-1, en plus d'autres véhicules logistiques. Cette unité a manifestement été encadrée par les forces spéciales russes (ce qui est confirmé par une source pro-russe) ; elle aurait été entraînée à Lattaquié avant d'être déployée sur le front de Palmyre. Les ISIS Hunters auraient été conçus pour garder les installations stratégiques dans et autour de Palmyre : l'aéroport militaire, les cantonnements, les champs gaziers et pétroliers. La Russie cherche manifestement à former des troupes solides pour le régime syrien capables de tenir le terrain conquis. Bien que les ISIS Hunters soient formés avec du personnel syrien, l'encadrement russe est évident. Ivan Slyshkin, 23 ans, qui a servi deux ans en Tchétchénie, intègre la compagnie de sécurité privée « Wagner » russe, qui opère à partir de la base de Molkino, à Krasnodar, où se trouve la 10ème brigade indépendante du GRU, et envoie des hommes en Syrie depuis l'intervention russe en 2015. Slyshkin est tué le 12 février 2017 par un sniper lors d'une opération près du champ gazier d'al-Shaer. Il participait à la formation des ISIS Hunters. Il est probable que d'autres Russes de la compagnie Wagner participent à l'encadrement de l'unité.







La page Facebook du groupe est créée le 27 février 2017. Le compte Twitter du groupe est apparaît le lendemain, le 28 février 2017, quelques jours avant la reprise de Palmyre par le régime syrien. Une première et courte vidéo, en forme de bande-annonce, montre une dizaine de combattants, avec AK, casques et gilets pare-balles, évoluer dans le désert, autour de Palmyre. Une photo du 28 février montre 9 fantassins, avec casque, le même uniforme et AK, en colonne dans le désert. Dans une autre vidéo du même jour, une GoPro montée sur un fantassin filme une progression sur une colline autour de Palmyre ; le porteur de la GoPro montre une position avec mitrailleuse PK abandonnée.


Dans une vidéo du 1er mars, ISIS Hunters filme une dizaine de corps de combattants de l'EI, et des positions souterraines dans lesquelles ceux-ci s'abritaient. Une autre vidéo montrant la destruction supposée d'un char de l'EI à courte portée ressemble fort une mise en scène. Le groupe annonce combattre vers l'aéroport militaire de Palmyre, puis dans la citadelle. Des sources russes indiquent effectivement que les ISIS Hunters auraient joué un rôle important dans l'assaut sur l'aéroport, sans doute aidés par les forces spéciales russes. Dans une vidéo du 2 mars, un des hommes du groupe parle en arabe à l'intérieur de celle-ci. Un cliché du 4 mars montre le drapeau du groupe derrière lequel on aperçoit un canon D-30. Une vidéo du 4 mars, accompagné d'un commentaire provocant à l'égard de l'EI, filmée avec un smartphone, montre des installations souterraines de l'EI et plusieurs corps. Le 5 mars, une photo s'accompagne d'une légende indiquant que les ISIS Hunters vont tenir garnison dans Palmyre, et que la ville ne sera jamais reprise par l'EI. Une photo du 6 mars montre les ISIS Hunters dans les catacombes de la citadelle de Palmyre. Le 12 mars, le groupe annonce se tenir prêt pour la bataille de Raqqa. Un portrait de groupe du 15 mars montre 13 combattants des ISIS Hunters. Une publication du 16 mars promet aux combattants de l'EIO d'être « écorchés vifs » (!). Le 19 mars, une vidéo mise en scène dans l'amphithéâtre de Palmyre voit un combattant syrien, parlant en arabe mais sous-titré en anglais, inviter à rejoindre les rangs de ISIS Hunters. Le 23 mars, l'EI lance 120 hommes dans une attaque au nord de Palmyre : ISIS Hunters prétend avoir contribué à repousser l'attaque, tuant 24 adversaires et en blessant 12. Un drone détruit un technical de l'EI (Land Cruiser avec bitube ZU-23) comme le montre une vidéo.


Propagande, idéologie


L'emblème du groupe est à la fois simple et évocateur : au centre, une tête de mort dans une cible (on se rappelle que la tête de mort est l'emblème de la Garde Républicaine syrienne...), deux impacts de balles de part et d'autre, et le nom ISIS Hunters en anglais et en arabe. Le rouge et le noir renvoient à deux couleurs utilisées sur le drapeau du régime syrien.


En dehors de sa qualification d'unité de « forces spéciales », ISIS Hunters ne fait pas trop la propagande du régime syrien, même si l'association est évidente, notamment dans les vidéos. Il faut remarquer que le compte Twitter et la page Facebook, créés quasiment en même temps, proposent des vidéos où les discours en arabe sont systématiquement sous-titrés en anglais (ce qui n'est pas forcément le cas des bandeaux en arabe). Il faut sans doute y voir la main de la Russie, soucieuse d'assurer à cette petite unité de forces spéciales, servant de « vitrine », une certaine visibilité.


Armement, matériels, tactiques


ISIS Hunters, en tant qu'unité de forces spéciales, ne doit pas compter un effectif important : tout au plus les vidéos montrent-elles une dizaine d'hommes ensemble. Une vidéo de Ruptly le 3 mars montre une vingtaine de combattants. Le recrutement est syrien mais l'encadrement russe ne fait guère de doute.



La prise en main par la Russie se voit aussi dans l'équipement : uniforme standardisé, casques, gilets pare-balles. Quant à l'armement, il se compose d'après les images d'AK-47/AKM, sans que des armes collectives soient visibles, sauf dans la vidéo du 3 mars, où l'on voit un tireur RPG-7 avec 2 pourvoyeurs et une mitrailleuse. Un drone armé est utilisé le 23 mars contre un technical de l'EI. Un canon D-30 est visible derrière le drapeau de l'unité sur un cliché.













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