" Historicoblog (4): Steven J. ZALOGA et Felipe RODRIGUEZ, T-90 Standard Tank. The First Tank of the New Russia, New Vanguard 255, Osprey, 2018, 48 p.

dimanche 23 août 2020

Steven J. ZALOGA et Felipe RODRIGUEZ, T-90 Standard Tank. The First Tank of the New Russia, New Vanguard 255, Osprey, 2018, 48 p.

C'est encore Steven Zaloga, spécialiste de l'armée soviétique et de son matériel, qui s'est collé à l'écriture de ce volume Osprey/New Vanguard sur le char T-90.

Le T-90 a été le char le plus produit depuis la chute de l'URSS : 2 700 exemplaires depuis 1991. C'est une évolution du char T-72 conçu par l'usine UVZ de Nijni Taguil, de sa propre initiative sous le nom de Obiekt 188, avant la fin de la guerre froide. Ce prototype insère sur le char T-72 le système de tir A145 Irtysh du char T-80U ainsi qu'un nouveau blindage réactif, le Kontakt-5. Le développement du char ne vient pas à terme avant la chute de l'URSS. Ce n'est qu'en 1992 que le char est accepté pour la production par les autorités russes : on le rebaptise T-90, à la fois pour marquer la nouvelle décennie et pour le  distinguer aussi du T-72, qui a fait piètre figure chez les Irakiens pendant la guerre du Golfe...

Le T-90 dispose d'une tourelle en fonte améliorée par rapport au T-72, du blindage réactif Kontakt-5 et du système de protection TShU-1 Shtora contre les missiles antichars. Il a un canon de 125 mm perfectionné, le 2A46M-1, avec une nouvelle gamme de munitions, et bénéficiant du système de tir du T-80U. Le T-90 dispose aussi d'une mitrailleuse NSVT de 12,7 mm téléopérée pour le commandant de char, qui bénéficie en outre de meilleurs systèmes optiques. Le moteur du T-90 est un moteur diesel amélioré par rapport au T-72B  : le char est plus lourd, plus mou à la manoeuvre, mais son moteur est plus fiable et consomme moins que celui du T-80U.

La guerre de Tchétchénie pousse le T-90 en avant en raison de la piètre performance des T-80U et T-72. Toutefois, la production est faible dans la seconde moitié des années 1990 : une centaine d'exemplaires livrés aux unités d'Asie et de Sibérie, la 21ème division de fusiliers motorisés de Taganrog, la 5ème division de chars de la Garde. L'usine UVZ se tourne donc vers l'exportation, le char s'appelant alors T-90S. L'Inde va acquérir le T-90S, baptisé localement Bhishma, pour contrer la flotte de chars pakistanaise. Les modifications apportées pour la version indienne donnent naissance au T-90A (Vladimir, du nom du chef designer de UVZ, décédé en 1999), qui est dotée d'une tourelle soudée. La version utilise un nouveau viseur thermique, soit le Peleng ESSA biélorusse importé calqué sur un modèle français de Thalès (finalement produit sous licence à Vologda à partir de 2012), soit le viseur thermique Zenit Buran-M, et le nouveau canon 2A46M-5. Début 2012, 7 ans après avoir été accepté pour le service, le char se compte à 490 exemplaires au sein de l'armée russe : mais on parle d'arrêter sa production en faveur du nouveau T-14 Armata ou de la version modernisée du T-72, le T-72B3. La version exportation, le T-90SA, a été livrée à l'Algérie, ainsi que des T-90S. Ce dernier a également été vendu au Turkménistan, à l'Ouganda, à l'Azerbaïdjan, à l'Irak et au Viêtnam. Le régime syrien a reçu à partir de 2015 des T-90, puis des T-90A. La version ultime du T-90, le  T-90AM, a été conçue pour l'exportation. Elle dispose d'une tourelle allongée à l'arrière par un compartiment protégé accueillant des obus, pour éviter les explosions internes, et le nouvel autochargeur AZ-185M2, ainsi qu'un nouveau blindage réactif baptisé Relikt, un système de contrôle de tir Kalina, et une station de mitrailleuse 6P7K de 7,62 mm téléopérée, le T05BV-1, qui peut aussi accueillir une mitrailleuse 6P50 Kord de 12,7 mm. L'Inde s'est montrée intéressée par le nouveau modèle, de même que le Koweït. Sur le plan domestique, le T-90 est concurrencé par d'autres projets de l'usine UVZ : si l'Obiekt 195 avec canon de 152 mm a finalement été abandonné, le T-14 Armata doit à terme le remplacer. L'armée russe préfère actuellement le char T-72B3, version améliorée du T-72B avec un canon 2A46M-5, un système de contrôle de tir Peleng Sosna-U, et des communications digitales. 600 T-72B ont déjà été modernisés en 2016 et UVZ a reçu contrat pour en moderniser 1 000 autres, à un coût unitaire de 880 000 dollars. Une version avec moteur amélioré, le T-72B3M, coûterait 1,3 millions de dollars pièce.

Le volume se termine sur les variantes du T-90 : le véhicule blindé BMPT Terminator, le lance-roquettes automoteur TOS-1, le véhicule du génie IMR-2M, le véhicule de dépannage BREM-1M, le poseur de pont blindé MTU-90, le véhicule démineur BMR-3M.

Si la partie historique et description matérielle de l'engin est comme toujours très satisfaisante avec Zaloga, qui reconnaît par ailleurs que les sources en anglais sont ténues et ne cite que 2 sources russes en fin de volume, on ne peut que déplorer l'absence totale de la partie utilisation opérationnelle alors que le livre a été publié en 2018. Comme cela est cité dans le livre, la Russie a livré des T-90 au régime syrien, qui les a redistribués au sein de ses forces armés et autres milices, lesquelles les ont utilisés au combat. Plusieurs ont été détruits ou touchés par des missiles antichars, 2 ont été capturés par Hayat Tahrir al-Sham qui les a retournés contre le régime, et 1 par l'EI dans l'est à la fin 2017. Liwa Fatemiyoun, la division créée par les Pasdarans avec des Hazaras recrutés en Iran pour se battre en Syrie, a également été pourvue de chars T-90. Ces chars sont toujours utilisés au combat cette année et les livraisons à la Syrie continuent depuis la Russie. Kataib Hezbollah, milice chiite irakienne pro-iranienne qui a combattu en Syrie aux côtés du régime syrien, a déployé un char T-90 pendant la bataille d'al-Qaïm en novembre 2017. L'Irak lui aussi a reçu de nouveaux contingents de chars T-90.

On ressort un peu frustré, au final, de cette lecture : reproche fréquent que l'on peut adresser aux volumes de chez Osprey, idéaux pour découvrir certains matériels quand on est néophyte, mais pas assez conséquents, en taille, pour proposer l'étude de l'emploi opérationnel des engins, faute aussi, peut-être, de recherches de l'auteur sur le sujet. Dommage !

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