" Historicoblog (4): Joseph PILYUSHIN, Red Sniper on the Eastern Front. The Memoirs of Joseph Pilyushin, Pen and Sword Military, 2010, 279 p.

dimanche 28 janvier 2018

Joseph PILYUSHIN, Red Sniper on the Eastern Front. The Memoirs of Joseph Pilyushin, Pen and Sword Military, 2010, 279 p.

Cette édition est une version abrégé des mémoires de Pilyushin, traduites par Stuart Britton. Ce texte est paru pour la première fois en URSS en 1958, et a été réédité quatre fois, la dernière récemment, en Russie. Ce qui montre sa popularité. Pilyushin ne livre que peu de détails sur sa vie avant la guerre : on sait qu'il est originaire de Biélorussie, qu'il travaillait dans une usine de Léningrad, qu'il avait une femme et deux fils. Né en 1903, il avait été appelé dans l'Armée Rouge en 1926. Il a appris à tirer grâce à l'Osoaviakhim, sans avoir reçu une formation particulière de sniper. En juillet 1941, il fait partie d'un bataillon de travailleurs levé à la hâte à Léningrad, qui aurait fait partie du 105ème régiment de fusiliers indépendant. Par la suite, il est dans le 14ème régiment de fusiliers "Drapeau Rouge" de la 21ème division du NKVD, qui devient la 109ème division de fusiliers. Décoré de l'ordre du Drapeau Rouge, il aurait abattu 136 adversaires. Pilyushin a passé toute la guerre sur le front de Léningrad, où il a été blessé à plusieurs reprises. Son récit, original parmi les mémoires soviétiques, porte d'ailleurs autant sur lui que sur ses camarades de combat.

Pilyushin raconte la retraite vers Léningrad en juillet 1941, alors que les Soviétiques n'ont pas assez d'armes antichars pour arrêter les blindés allemands. Les fantassins doivent jeter des grenades assemblées ensemble à courte portée pour les immobiliser. Les snipers, utilisés en tandem, servent parfois à monter des embuscades nocturnes après la capture d'agents ennemis. Les assauts sur la Narva sont repoussés mais au prix de terribles pertes. Les snipers participent aux reconnaissances nocturnes pour ramener des prisonniers. Blessé une première fois à la jambe en août 1941, Pilyushin passe deux semaines à l'hôpital avant de retourner au front. Les snipers sont engagés pour briser les assauts allemands ; en groupe, ils infligent des pertes sévères à un adversaire trop exposé. En septembre-octobre 1941, le bataillon de Pilyushin lance contre-attaque sur contre-attaque, perdant son commandant, parfois en compagnie de fusiliers marins venus de Léningrad. C'est en novembre 1941 que Pilyushin est affecté au 14ème régiment de fusiliers de la 21ème division du NKVD. Un officier qui a succombé aux tracts allemands tue dans le dos un de ses camarades snipers, avant d'être lui-même abattu par la camarade féminine de Pilyushin. En permission,  Pilyushin découvre que sa femme et l'un de ses fils ont été tués lors d'un bombardement allemand sur Léningrad. Lors d'un raid sur une tranchée, Pilyushin prétend avoir capturé un Français avec ses compagnons (peut-être un Belge, ou un Alsacien). En janvier 1942, il perd son oeil droit à cause d'un éclat obus. Muni d'une prothèse sommaire, Pilyushin va pourtant apprendre à tirer de l'oeil gauche en étant affecté à des tâches administratives. On lui confie bientôt l'instruction des snipers. En juillet 1942, il appuie les offensives soviétiques devant Léningrad. Le 602ème régiment de fusiliers, désormais, fait face aux Espagnols de la division Azul au sud de Léningrad. Le blocus de Léningrad est levé en janvier 1943. Pilyushin est de nouveau légèrement blessé. Le front est en effervescence avec l'offensive allemande à Koursk, en juillet. En septembre, l'unité de Pilyushin reçoit la visite d'un commandant de détachement de partisans de l'oblast de Léningrad, venu sur le front. En novembre, le sniper apprend sur son seul fils survivant a lui aussi été tué par un bombardement allemande le mois précédent. Retiré du front, le 602ème régiment vient ensuite participer à l'offensive pour dégager complètement Léningrad en janvier 1944. Lors d'un assaut, le sniper décrit un mitrailleur allemand enchaîné à son engin, qui aurait été puni de cette façon pour des discours défaitistes. Zina, la camarade féminine de Pilyushin, est tuée pendant ces combats où les Soviétiques reprennent enfin le terrain qu'ils avaient perdu en 1941... de nouveau blessé en février 1944, Pilyushin est démobilisé.

Le témoignage nous montre qu'en 1941, dans l'urgence de la défense de Léningrad, les snipers peuvent être utilisés de façon classique, avec les fantassins et les mitrailleurs. Pilyushin participe aux assauts rapprochés sur les chars et aux missions de reconnaissance derrière les lignes ennemies. Bien que surclassés dans le maniement de la combinaison des armes par les Allemands, les Soviétiques jouent du terrain et de leurs rares atouts du moment pour mener des embuscades meurtrières et déployer une résistance acharnée. Lors d'une reconnaissance, Pilyushin capture d'ailleurs deux élèves officiers soviétiques ayant échappé à un encerclement (!). Lors d'un assaut allemand, le commandant de bataillon doit modérer un de ses commandants de compagnie qui veut lancer tous ses hommes à l'assaut ; preuve que le sang importait parfois aux officiers soviétiques.

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