" Historicoblog (4): Article : Alexander Hill (2002) The partisan war in north-west Russia 1941–44 : a reexamination, Journal of Strategic Studies, 25:3, 37-55

mardi 2 novembre 2021

Article : Alexander Hill (2002) The partisan war in north-west Russia 1941–44 : a reexamination, Journal of Strategic Studies, 25:3, 37-55

Partisans soviétiques dans la région de Pinsk, 1942. Source : https://collections.ushmm.org/search/catalog/pa1142246

Auteur : Alexander Hill, diplômé de l'université de Cambrigde, enseigne actuellement à l'université de Calgary au Canada depuis 2004. Il s'intéresse à l'histoire militaire de l'URSS et de la Russie en particulier sur la période 1914-1945. Il a signé plusieurs livres dont un sur le mouvement partisan dans le nord-ouest de l'URSS, thème qui était son sujet de thèse. Il a écrit aussi il y a quelques années un livre sur l'Armée Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale et plus récemment 2 ouvrages aux éditions Osprey, dont un livre ayant trait à son sujet de prédilection, les partisans. Il prépare un livre photographique sur le front de l'est dont la parution est imminente.

Edition : Le Journal of Strategic Studies a été créé en 1978 par des chercheurs anglo-américains. Son but est de proposer une approche multidisciplinaire de l'étude de la guerre. Récemment il s'est intéressé à la Chine, à la zone Asie-Pacifique et à l'Afrique.

Analyse : dans cet article, Alexander Hill utilise les sources soviétiques déclassifiées à partir de 1991 pour montrer combien le mouvement partisan créé dans le nord-ouest de l'URSS a souffert, dès 1941, des contre-mesures allemandes qui ont limité son efficacité. Jusqu'ici la version officielle soviétique minimisait ce constat et se contentait de dire que les partisans avaient été plus efficaces après 1941 suite à la reprise en main et des efforts de réorganisation pilotés depuis Moscou. Hill précise toutefois que le secteur où les partisans opèrent, celui du groupe d'Armées Nord, présente des spécificités : peu de populations non-russes et peu de Juifs également, un intérêt économique limité pour les Allemands. L'avance allemande au nord provoque peu d'encerclements massifs de forces soviétiques comme au centre et au sud en 1941, toutefois le chaos règne à l'arrière des lignes soviétiques. Les premiers partisans notent que la population considère le régime soviétique comme "fini". Les Allemands inondent la population de propagande, mentent sur la supposée prise de Léningrad, alors que celle-ci n'a pas accès ou peu à la propagande soviétique. Les premiers détachements de partisans se forment sous l'autorité du parti communiste ou de ses organisations, l'armée ayant abandonné cette tâche depuis les purges des années 1930. Toutefois, le NKVD et l'Armée rouge constituent rapidement leurs propres unités de reconnaissance ou de démolition opérant sur l'arrière immédiat du front allemand. Léningrad coordonne dès août-septembre 1941 les efforts du parti, de l'armée et du NKVD pour les partisans. Toutefois, comme les responsables politiques dominent, une partie de la population collabore avec les Allemands pour régler ses comptes avec le régime soviétique. La menace de représailles allemandes suffit à dissuader les habitants de collaborer avec les partisans, alors même qu'en 1941 la 281ème division de sécurité, une des seules à se charger spécifiquement de la lutte contre les partisans dans le secteur, a des effectifs sans proportion avec le territoire à surveiller. Les Soviétiques renvoient parfois les membres du parti ou autres responsables qui ont fui en 1941 vers leur région d'origine. Beaucoup de détachements de partisans rejoignent aussi à terme l'Armée Rouge. En décembre 1941, il y a peut-être 4 000 partisans derrière les lignes du groupe d'armées Nord, qui font face à 3 divisions de sécurité, des fractions de l'Einsatzgruppe A et des unités retirées du front, comme un régiment de la 2ème brigade SS. L'hiver 1941 rajoute aux difficultés des partisans, selon un schéma connu : plus de difficultés à se ravitailler, nécessité de construire des abris, traces plus visibles dans la neige... L'efficacité des partisans soviétiques en 1941 est ainsi quasi nulle, même si les responsables allemands s'inquiètent dans les derniers mois de l'année de la destruction de groupes plus importants - avec des survivants qui continuent de se cacher en petits groupes. 3 ans plus tard, durant l'offensive finale pour libérer Léningrad, en janvier-février 1944, la menace des partisans est devenue autrement plus sérieuse : ils sont capables d'entraver l'acheminement des troupes (12. Panzerdivision et 8. Jäger- Division) par leurs attaques sur les voies de communication et perturbent les communications en détruisant les lignes téléphoniques. Le gain d'efficacité est dû au renversement du conflit : les Soviétiques ont pris l'ascendant, les Allemands n'ont plus intérêt à préserver la population et accélèrent l'exploitation économique, ce qui par voie de conséquence augmente les exactions sur les habitants, lesquels rejoignent plus les partisans. Les Soviétiques mettent aussi les choses au point en précisant le sort qui attend ceux qui ont collaboré ou ceux qui ne prennent pas position. Ainsi, de 2 à 5 000 partisans dans la première moitié de 1943, le secteur voit le nombre gonfler à plus de 20 000 en janvier 1944. Les Allemands retirent progressivement des troupes de l'arrière pour les envoyer sur le front, les collaborateurs ne se sentent plus tourner. Pourtant ils n'ont pas poussé autant qu'ailleurs le recrutement forcé de travailleurs et ont même promu une réforme agricole limitée.

Conclusion : une mise au point bienvenue sur l'efficacité du mouvement partisan soviétique sur les arrières du Groupe d'Armées Nord, croisant à la fois les sources connues (allemandes) et nouvelles depuis peu à cette date (soviétiques déclassifiées), et critiquant le point de vue ancien des sources occidentales parfois inspirées par le contexte de guerre froide (se contentant donc d'utiliser les travaux allemands ou les documents soviétiques capturés par eux et commentés de leur point de vue) ainsi que celui des travaux russes contemporains ayant du mal à se départir de la ligne officielle soviétique.


https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01402390412331302765

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