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mercredi 23 août 2023

Walkyrie (2008) de Brian Singer

 

Avril 1943. Le colonel Claus von Stauffenberg (Tom Cruise), stationné en Tunisie avec la 10. Panzerdivision, a perdu sa foi en Hitler et le nazisme. Il est gravement blessé par un raid aérien de chasseurs-bombardiers P-40 dans lequel il perd l'oeil gauche, la main droite et plusieurs doigts de la main gauche. Parallèlement, des officiers allemands antinazis tentent d'assassiner le Führer, lors d'une de ses visites sur le front de l'est, à Smolensk, pendant laquelle le Generalmajor von Tresckow (Kenneth Brannagh) place une bombe dissimulée dans une caisse de bouteilles de Cointreau à l'intérieur de l'appareil d'Hitler. Sans succès. Pendant sa convalescence, von Stauffenberg est contacté par le général Olbricht (Bill Nighy), qui lui propose d'entrer dans l'organisation clandestine de résistance militaire afin de remplacer le général Oster, arrêté par la Gestapo...

 


 

C'est le scénariste Christopher McQuarrie, très lié à Tom Cruise, qui est allé chercher le réalisateur Bryan Singer, jusque là connu surtout pour les 3 premiers films X-Men, afin d'adapter en film l'attentat du 20 juillet 1944. Ce n'est pas la première fois que l'attentat est représenté dans un long métrage : qu'on pense déjà à la scène du Renard du Désert (1951) sur Rommel, que l'on ne voit pas dans Walkyrie, ou à celle de la Nuit des généraux (1966), entre autres. Singer lui-même est intéressé par l'histoire comme le montre bien certains aspects des films X-Men, notamment. L'Allemagne n'a pas laissé Bryan Singer tourné dans le Bendlerblock en raison des croyances scientologues de Tom Cruise (choix d'acteur qui a également déplu, pour les mêmes raisons, aux descendants de von Stauffenberg), lequel s'est attribué le rôle de Stauffenberg originellement dévoué à Thomas Kretschmer, qui joue finalement Remer (et plutôt bien, d'ailleurs). Certaines scènes ont toutefois été tournées ailleurs en Allemagne, contrairement à celle censée se passer en Tunisie qui a été filmée en Californie, dans le désert de Mojave, en utilisant 2 avions P-40 et d'autres recrées par ordinateur. Une réplique de la tanière du loup d'Hitler a été construite à 60 km au sud de Berlin, notamment.

Un canon antiaérien Flak 38 de 20 mm monté à l'arrière d'un camion pendant la scène en Tunisie.

A gauche le véhicule blindé OT-810, variante tchécoslovaque du Sdkfz-251 allemand.

On note la réplique du Panzer IV à canon long de 75 à droite.


A gauche, une mitrailleuse MG 42 en batterie sur trépied, au fond, on aperçoit l'automitrailleuse Sdkfz-222 à canon de 20 mm.

Singer organise son film de manière quasi documentaire. On suit le parcours de Stauffenberg depuis sa blessure, son ralliement aux conspirateurs, le montage de l'opération Walkyrie et sa réalisation, jusqu'à son échec final. Le résultat est assez satisfaisant, même si le film perd en profondeur (les motivations des conjurés notamment, les causes qui mènent à la résistance et qui renvoient à l'idéologie nazie, ou ce qu'ils comptaient faire de l'Allemagne en cas de succès) ce qu'il arrive à gagner en récit - la figure d'Hitler, celui qui doit mourir, est très peu présente, pourtant tout tourne autour d'elle et de ce qu'il réussi à faire depuis sa prise de pouvoir : l'échec de Walkyrie, c'est aussi l'aveuglement des Allemands qui obéissent inconditionnellement au nazisme (le personnage de Remer notamment), alors que Stauffenberg, borgne au royaume des aveugles, incarne la résistance qui échoue. On passera sur la romance entre Stauffenberg et son épouse qui n'apporte malheureusement rien au propos. Walkyrie reste un thriller dont la fin est connue d'avance, bien incarné par un casting impeccable : aussi bien Tom Cruise que Kenneth Brannagh, qui joue dans trop de scènes Tresckow, Bill Nighy qui incarne à la perfection Olbricht, Terence Stamp dans le rôle de Beck ou Tom Wilkinson dans celui de Fromm, et on pourrait continuer. Toutefois, il manque un souffle qui en ferait un grand film, et une certaine profondeur, comme je le disais plus haut. On peut relever aussi des erreurs de détail - Stauffenberg connaît le colonel Mertz von Quinheim, joué par Christian Berkel, bien avant son entrée dans l'organisation clandestine de résistance militaire, alors que dans le film, on a l'impression qu'il le rencontre seulement après ; le portrait de Goerdeler, un peu trop forcé ; etc.

Les 2 Ju-52 escortés par les "Buchon".

La scène où un soldat allemand en faction à la Tanière du Loup écrase un moustique sur son bras avec une cigarette semble comme une métaphore du nazisme...

 


Sur le plan du matériel utilisé par le film, on peut noter que Stauffenberg et d'autres officiers allemands du film utilisent un pistolet Walther PPK au lieu du Browning Hi-Power d'ordinaire en service à cette époque dans la Wehrmacht. Outre les nombreux fusils Kar 98K, les pistolets-mitrailleurs MP-40, les mitrailleuses MG 34 et 42, on note la présence d'un canon antiaérien Flak 38 de 20 mm et celle d'une automitrailleuse Sdkfz 222, ainsi que la réplique d'un Panzer IV à canon long de 75 dans la colonne bombardée en Tunisie, qui comprend aussi d'ailleurs un OT-810 (copie tchécoslovaque d'après-guerre du Sdkfz-251). Les Ju-52 sont escortés par 2 "Buchon", la version espagnole du Bf 109 fabriquée sous licence pendant l'ère Franco, dont on a pu voir d'autres exemplaires comme dans le film La bataille d'Angleterre. Le Ju-52 HB-HOT qui s'est crashé en 2018, et qui a été utilisé dans le film, est le même déjà vu dans le film Quand les aigles attaquent (1968), il venait de l'armée de l'air suisse à l'origine.

 


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